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Ponti, Claude | La tente

samedi 3 décembre 2016, par sebmenard

LUI

Une porte sauvage en bois de forêt profonde qui grince… Une porte sauvage en bois de forêt profonde qui grince des dents… Tu m’entends ? Une porte tellement sauvage qu’aucune maison n’en veut, ni les jardins, ni les garages… Elle grince des dents parce qu’elle a faim, elle enferme les enfants dans son estomac, c’est une porte sauvage cruelle et blindée, quand elle s’est refermée sur un enfant, il ne peut plus jamais sortir… Et elle le digère. Elle se ferme à clé de fer, et son estomac est tout noir, et ça pique comme des orties dedans, ça brûle comme du feu, ça ronge les narines, les paupières, les yeux… (Il regarde à droite et à gauche, inquiet.) Elle est tout près, pas loin du tout, je l’entends respirer, la langue pendante comme les chiens, elle gratte la terre avec ses griffes tranchantes comme des couteaux d’ogre affamé…

Elle a surtout très envie trop fort de nous sucer la cervelle et toute la colonne vertébrale… Elle va d’abord nous pincer les doigts en se refermant dessus pour nous attraper, et on est prisonniers, on ne peut plus se sauver, elle salive, elle bave par ses gonds… (Il a maintenant vraiment peur, mais il ne peut pas s’empêcher de continuer). Elle cogne avec sa poignée en fer forgé par les monstres des mines souterraines… elle nous assomme… elle… Elle va nous croquer… Je sens ses dents, elle me mord ! Houhou !!! »

(…)

pp.37-38


Ponti, Claude, 2012, La tente, L’École des Loisirs.