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journal permanent | 21 mars 2014

vendredi 21 mars 2014, par sebmenard

Laverie : en France je n’utilise la laverie qu’en cas de panne de la machine – et pourtant comme il y aurait à inventer là – souvenir d’une visite à une amie en Suisse où chaque immeuble possède sa laverie en rez-de-chaussée ou en sous-sol – machinerie solide et mutualisée – partage de l’achat et de l’entretien – chacun ses jours et heures de lavage dans la semaine – plutôt que nos pauvres bécanes qui s’usent bien vite et qu’on multiplie dans nos appartements – et que le partage de cet outil soit aussi le lieu du partage du vivre (c’est – je le pense vraiment – valable pour beaucoup d’autres choses : four à pain – bagnole et transport – moyen de chauffage – congélateur – jardin – la liste serait longue).


Quand il est question de tranquillité d’écriture je passe nvAlt en mode plein écran et ça me suffit largement : j’ai le fond de l’écran légèrement brun et un peu de bleu dans les lettres.


| note |
un peu de bleu
dans les lettres
ça pourrait faire
par exemple
le titre d’un poème son début sa fin
un break en pleine course des mots
un peu de bleu
dans les lettres
ça pourrait
ça pourrait


En écrivant le poème des noix j’ai repensé à ce type qui avait parcouru la Roumanie pour en ramener les histoires j’ai eu envie – très fort – que partir à vélo ensemble soit maintenant et qu’on fasse de même (on a beaucoup de projets).


Nous étions allés à Beyrouth parce que ça faisait 80 bornes et que ça ne coûtait pas cher – sans doute aussi pour voir la mer – pour se baigner – on pensait traverser la frontière comme ça mais il avait fallu mettre un billet dans le passeport – le temps de comprendre la combine et ça suffisait pour qu’on écrive des histoires dans un carnet – Beyrouth c’était très court mais la photographie que j’en ai prise est terriblement précise – le premier soir on se fait arnaquer et on dort sur le toit d’un hôtel miteux – le bac de la douche est rempli d’excréments humains et de toutes façons il n’y a pas d’eau – je ne sais pas si c’est le goût de la bière ou de la vodka mais on a fini par aller se coucher sur le toit – il n’était pas prévu qu’on aille se coucher ailleurs et dans la nuit je pense qu’on ne savait pas vraiment ce qu’il en était – on a dormi sur des lits en ferraille de vieux lits rouillées magnifiques et ignobles – au matin pas souvenir de l’heure mais les gars autour dormaient usés et je me suis assis sur le matelas imbibé de poussière et j’ai écrit – cette terrasse donnait sur la voie rapide qui entre dans Beyrouth depuis le Nord – cette terrasse était équipée pour la défense ou la surveillance – le mur dans mon dos était usé des impacts de balles et on entendait la mer à l’Ouest – le soleil tapait il faisait vraiment chaud et les autres dormaient et j’écrivais – aujourd’hui je ne crois pas avoir gardé ce qui s’est écrit là – je n’ai aucune image de cet endroit et je pense que si nous avons dormi là — sans même savoir qui avait dormi avant dans ces lits et pour quelle raison – c’est qu’on ne devait plus avoir un rond à refiler au patron de cet hôtel (et aujourd’hui : c’était où exactement cette histoire – c’était quoi dans quelle rue – je ne sais plus rien sinon que je devrais y retourner).