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Michaux, Henri | Donc, c’est non

mercredi 27 juillet 2016, par sebmenard

(…)

Maintenant la photo. C’est extraordinaire, cette manie des photos. J’ai écrit pour qu’on puisse justement se passer d’une photo de moi. Me suis-je assez montré ! Eh bien qu’est-ce qu’il leur faut encore ?

Je vais justement faire faire une radioscopie de mes poumons, car ça ne va pas fort là-dedans.

Je la lui enverrai, et un agrandissement de mon nombril. Soyez tranquille, c’est présentable, le cordon ne pend plus. On l’a coupé proprement, en temps voulu.

(…)

p.32

À HENRI PARISOT

22 août 42

Cher ami,

Je m’oppose de façon catégorique et définitive à la réédition, par qui que ce soit, de « Rêves et la Jambe » et de « Fables des origines » comme me le propose Mr Marcel Mariën. N’ayant pas son adresse, voulez-vous à ma place le lui notifier.

Quant à son cahier-revue, qu’il publie s’il le veut, un poème « Suicide » que détient Gaston Pulings, et, vraisemblamement inédit par suite de la disparition de sa revue à Bruxelles.

À Mr Guérin, voulez-vous répondre que je n’ai rien de terminé en ce moment. Le soleil me tue les mots.

Comme j’en suis aux interdictions, je m’oppose à toute lecture en cabaret, ou tout sketch (!) tiré de Plume ou de mes autres livres. En 1940-41 au cabaret Agnès Capri à Paris, on a, sans même m’en avertir, pendant 3 mois donné du Plume, à des soupeurs au champagne. Zut.

(Et pas un sou pour l’auteur, naturellement.) Dernièrement, on m’a encore arrangé ! Il faut savoir comment. Si donc vous apprenez quelques histoires de ce genre, voudriez-vous m’avertir pour je puisse faire stopper ces bonnes volontés par Monsieur Gallimard. Merci.

Vôtre
HM

p. 41-42

HENRI MICHAUX - F. DUMONT

le 5 juin 1943

Je pensais aller à Paris ces jours-ci et donner réponse à la demande qui m’a été faite de participer à votre anthologie des poètes.

Le voyage n’a pas eu lieu, mais la réponse, la voici : je ne fais pas de poème au vrai sens du mot et ne dois pas être tenu pour un poète d’anthologie. Il y a là un quiproquo entretenu par quelques fous.

Mais je suis décidé à le faire cesser et vous prie de ne pas me faire figurer dans votre anthologie. La chose vous est, je suppose, indifférente et je m’excuse de lui donner malgré moi de l’importance.

Agréez, je vous prie, Monsieur, mes salutations distinguées.

Henri Michaux
Villa Ar-Mor Le Lavandou (Var)

p.45


Michaux, Henri, 2016, Donc, c’est non, Gallimard, Collection Blanche.