diafragm

Accueil > Carnets | SebMénard > monstre des soupapes > Je suis un monstre des chemins > Je suis un monstre des chemins (mk1) > Monstre des chemins | 28

Monstre des chemins | 28

mercredi 19 août 2015, par sebmenard

Je suis un monstre des chemins quand le vent souffle dans le dos et qu’on file plein est

je suis un monstre des chemins à l’entrée d’un bled et et j’écoute — brebis bêtes et chiens ils aboient puis filent

je suis un monstre des chemins sous les pluies — les orages — et j’attends que les torrents de nuages s’écartent et silence

je suis un monstre des chemins quand je traverse des frontières des champs et des rivières

je suis un monstre des chemins quand je pousse la porte d’un shop pour demander une route — quelques litres de flotte : j’ouvre une carte — je mets un doigt sur le nom d’une ville — la couleur d’une montagne — j’observe la poussière soulevée les traces et les noms sur les murs

je suis un monstre des chemins quand je guette le soleil au matin et d’air frais s’engouffrent dans ma cabane de monstre les poussières et les insectes

je suis un monstre des chemins quand je me jette dans la flotte du bout de l’Europe

je suis un monstre des chemins devant un feu dans quelles collines bulgares un soir et chaud : je note dans un carnet des mots — des pistes

je suis un monstre des chemins quand je regarde les vents souffler les herbes et le soleil disparaître là-bas

je suis un monstre des chemins lorsque la nuit vient — lorsque plus rien ni plus personne ne bouge

je suis un monstre des chemins dans la poussière le silence et le noir : car nous les monstres nous filons encore même la nuit les yeux fermés

je suis un monstre des chemins quand je traverse des vents des soleils et des bleds

je suis un monstre des chemins quand notre ombre disparaît sous nos corps et tremble des pierres et des poussières

je suis un monstre des chemins quand une langue parle et qu’elle se déchiffre entre nos yeux nos suées

je suis un monstre des chemins à l’ombre d’un arbre et qui écoute une bagnole — quelque chose — un cheval — ses sabots dans les quarante degrés des jours d’été

je suis un monstre des chemins quand le soir arrive et qu’on se pousse encore plus loin sur une colline pour entendre le soleil descendre vers l’ouest

je suis un monstre des chemins allongé dans les herbes sèches des plaines de l’Est et qui respire en écoutant des nuages et des peaux — des bêtes et des routes — des désirs et des silence.