or donc
ce jour-là
sur la route de l’est (surprise)
et quelques centaines de mètres
avant de rencontrer celui qui roule en fixie depuis Prague
j’ai eu la vision d’une femme
une femme allongée dans son canoë
et alors elle file sur l’eau
vers l’est
forcément
le fleuve est large
et il fait chaud
il fait très chaud
près de quarante degrés
il y a cette sorte de vapeur ou de brume
à la surface de l’eau
et tout le ciel est blanc
mais pourtant
on distingue ce canoë
et qui file chargé vers l’est (...)
Accueil > Carnets | SebMénard > notre Est lointain
notre Est lointain
-
Allongée dans un canoë
16 janvier 2016, par sebmenard -
Une nuit en Bosnie
7 janvier 2016, par sebmenardCette nuit-là nous avions adopté la technique habituelle : on finissait par couper le contact devant un rade — on allait voir ça comme ça — sur des tables. On ne savait rien — des formes de la nuit — des dents cassées — des temps passés.
Mais ce soir-là tout s’était fait très vite. Et quelques minutes plus tard — nous étions de nouveaux sur la route. Les types avaient dit que c’était à côté — à quelques bornes. On cherchait un lieu pour la nuit.
On avait du mal à les suivre. Ils roulaient vite. On ne (...) -
La pluie sur les routes et nous comme les bêtes on rentre
6 janvier 2016, par sebmenardLes bêtes vont lentement vers leurs lieux de bêtes. Alentour : la pluie tombe sur les routes et nous comme les bêtes — on rentre.
La pluie s’écroule et tombées trombes trombées de flottes toutes venues là d’un coup — boue — pailles humides — maïs laissé là — les bagnoles et les types derrières leurs essuies-glaces.
C’est seulement ça — rien de plus : la pluie sur la route et boue — et nous comme les bêtes on rentre et nous sommes heureux de ça — de rentrer sous la pluie comme les bêtes et boues toutes nos (...) -
Des gars qui marchent sur le bitume et sac plastique
5 janvier 2016, par sebmenardSurgi.
Peut-être là le gars qui marche et bitume et sac plastique.
Deux oiseaux bleus vont volent et sur l’asphalte.
Surgissent.
Des types et sacs.
En Olténie un jour d’octobre et pluies poussières devenues boues — un type est là qui court et sac plastique à la main tient un chapeau sur sa tête pour rester au sec sans doute.
À quelques kilomètres de Novo Selo là où un bois envahit le bitume on cherche du regard et du nez des bêtes — moutons chèvres quelque chose pour accompagner cet homme seul et (...) -
À Kusijac et avant Kusijac (vers Kusijac)
22 décembre 2015, par sebmenardC’était une de ces journées chaudes et des Balkans. Nous avions traversé un défilé — des tunnels — des villes et des asphaltes brûlants. On roulait plein Est. Rien ne change. Diésel et suée. Péniches et chiens. Pastèques. Flottes.
On longeait le fleuve. On s’était dit qu’on s’arrêterait au bord de l’eau. On voulait s’y jeter. Qu’importe les sacs plastiques les bouteilles vides et les métaux lourds.
Des frigos. On cherchait des frigos pour des liquides. C’était à cette époque où déjà les étés ne ressemblaient (...) -
Âges (2)
16 décembre 2015, par sebmenardIl s’agirait d’entendre qu’il tape tape d’un marteau à ferrailler les rêves sur des murs en béton des silos abandonnés — des rouilles et des lichens des arbres revenus des temps passés — devenu comme fou dingue et il tape tape de nombreux coups de marteau ou bien frotte son outil sur les parois. Le vent s’engouffre dans un hangar et vacarme souffle des tôles et des toits oubliés pour qui. Écrous — ombres — vieille peinture - chiens.
*
Il s’agirait d’une ventrée d’une soufflée de liquides et de folie — (...) -
À la chasse à l’ours
12 décembre 2015, par sebmenardcette histoire
qui n’en finit pas
de se manquer
de se perdre de vue
ce serait comme
aller à la chasse à l’ours
car on ne va pas à la chasse à l’ours
d’ailleurs
l’ai déjà dit :
dans mon poème
j’écris
que je ne vais pas « à la chasse à l’ours »
car je préfère
vraiment
danser comme l’ours
au pied des Carpates
même si
je ne danse pas très bien
et je n’ai jamais vu d’ours
au pied des Carpates
Je préfère me répéter. Je veux dire : je préfère accepter de me répéter. Simplement m’accorder la (...) -
Feuille de route
11 décembre 2015, par sebmenardJ’ai causé des routes et des gasoils — j’ai causé des chemins que nous avons pris et de cette obsession de l’est — comme s’il n’y avait d’autres issues que de rouler vers l’Est (j’aurais aimé être clair : expliquer bien tendrement que tout ça c’est une image — une histoire — et que ce qui se nomme l’est — notre Est lointain peut-être même — c’était une façon de parcourir nos tripes).
Il y eût des mots surprenants : panetone — sandwich à la rate de porc — stabulation — camion — looser magnifique — le Danube river (...) -
Entre autres choses
10 décembre 2015, par sebmenardj’étais au bord d’un boulevard
dans une de ces villes de l’Est
et je pensais aux voitures qui filaient dans le vacarme du diésel et ciel gris
au bord de la route des drapeaux flottaient dans le vent froid de l’automne
un camion de fruits et légumes accélérait
un bus passait
des semi-remorques
au loin il y avait l’enseigne d’un supermarché dans le ciel
un fourgon chargé de médicaments urgents filait
des sacs plastiques
une femme elle courait et à la main son téléphone portable sur l’oreille son (...) -
Âges (1)
9 décembre 2015, par sebmenardÇa se passe une nuit — forcément — et celui qui racontera cette histoire est un menteur un dingue mais on le croirait tout de même : il a l'âge de crier tard le soir et finit un cigare avant de vomir contre le mur — il a l'âge de courir encore et parfois nu et c'est ce qu'il fait une nuit d'août — il a l'âge de finir une bière montre en main et d'un coup sec — il a l'âge de marcher debout pendant des heures il traverse des champs et ouvre le fer forgé d'un cimetière — (...)