“Le peuple ne garde en mémoire et ne raconte que ce qu’il peut comprendre et réussit à transformer en légende. Tout le reste glisse sur lui sans laisser de traces profondes, avec l’indifférence muette des phénomènes naturels anonymes, sans toucher son imagination ni se graver dans son souvenir.”Ivo Andrić, Le pont sur la Drina, traduction de Pascale Delpech.
À Stari Sanklamen je ne pensais pas aux immeubles de Belgrade, aux asphaltes de Belgrade, aux bétons de Belgrade, aux ponts de Belgrade, aux (...)
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Matériaux et espaces vides pour un récit
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Belgrade
12 février 2018, par sebmenard -
Szeged
17 janvier 2018, par sebmenard“ Vous savez, si vous prenez tous vos livres et les étendez sous le soleil en laissant, pendant quelques temps, la pluie, la neige et les insectes accomplir leur œuvre, il n’en restera plus rien. Mais le Grand Esprit nous a fourni la possibilité, à vous et à moi, d’étudier à l’université de la nature les forêts, les rivières, les montagnes et les animaux dont nous faisons partie.”Tantaga Mani, indien Stoney, in. Pieds nus sur la terre sacrée, textes rassemblés par T.C. McLuhan.
En arrivant à Ada, au bord (...) -
Budapest
7 janvier 2018, par sebmenard“Aujourd’hui je suis divisé entre la loyauté que je dois au Tabac d’en face, chose réelle au dehorsEt la sensation que tout est rêve, chose réelle au dedans.”Fernando Pessoa, Bureau de tabac, éditions Unes, traduction de Rémy Hourcade.
Le jour précédent notre arrivée à Budapest, nous avions fait un feu de camp dans un bois, à quelques dizaines de kilomètres, au nord de la ville. Ce feu de camp nous éclairait et éloignait les insectes. Pour plusieurs raisons, nous étions chancelants. L’après-midi, nous (...) -
À propos des feux, le soir, vers l’Est
20 décembre 2017, par sebmenard“En ce temps-là, il n’y a pas de poubelles dans les campagnes. Il n’y avait pas non plus d’ordures. On achetait diverses choses, mais il n’en restait presque rien. On pouvait brûler dans le fourneau les sacs en papier du sucre, ou bien les réutiliser. On pouvait revendre au magasin les bouteilles vides de vinaigre, d’huile et de vodka avec un bénéfice appréciable. On pouvait aussi les utiliser pour garder les jus de griottes et de framboises faits maison. Quand aux bouteilles d’orangeade et de bière (...)
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Feu (conseils pour faire un)
12 décembre 2017, par sebmenard“ N’apportez rien de plus fragile que la fragilité à laquelle tout conduit. ”Nicolas Bouvier, Le dehors et le dedans, Éditions Zoé.
dans le chauffe
ça dans le chauffej’aime ça le chauffe-boisbois qui chauffe
mais « parler clair »
circonstances : soirloinfroidautomnecorps fatigué de grosse journée à couper fendre ranger classer bûcher — bûcher le bois pour l’hivercorps dans sa pleine fatigue
action :préparer lentementméticulle foyerbrindilles — papierspetits boisquelques morceauxsecs secs
puis allumer (...) -
Point de vue
5 décembre 2017, par sebmenard“Le sentiment d’isolement suscité par la ville s’évanouit très vite lorsqu’on la quitte par ce côté, immédiatement happé par ces espaces à la morphologie vierge de tout aménagement humain. On ne rencontre ni zone industrielle, ni équipement périurbains, à peine une activité agricole. Seule la décharge de pneus trône au milieu des collines laissées à elles-mêmes entre les routes qui s’assèchent vers l’horizon. Je retrouve un autre rapport à la distance que celui éprouvé dans la ville. Les lointains sont en (...)
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Varsovie
1er décembre 2017, par sebmenard“ Je sais que tous, nous pouvons éprouver ce revirement du sang en nos veines, cette incertitude stupéfiante, toujours plus forte devant le monde et l’instabilité des choses, au cœur des villes ou des bois. Qu’est-ce qui rapproche les choses, qu’est-ce qui les éloigne ? Quelle est la valeur de l’écriture ?Quelle est la valeur d’un lieu ? ”Rick Bass, Le livre de Yaak, Gallmeister.
Tirs. Coups de feu. Bête traquée. Bête là — passant. Invisible mais derrière le taillis — dans le bois. Les coups de feu sont (...) -
Le dit de Io
30 novembre 2017, par sebmenard“Par exemple le Borago, qu’on appelle en Crète « herbe des mélancoliques ». Cette mauvaise herbe parasite aux petits fleurs violettes est utilisée depuis l’Antiquité comme infusion pour ses propriétés antidépressives. Déjà Dioscoride et Galène la recommandaient, mais on avait toujours pensé à un placebo. Les scientifiques ont découvert récemment que la molécule contient un principe actif riche en oxydes gammalinoléniques, précieux pour les maladies cardio-vasculaires, avec des propriétés tranquillisantes et en (...)
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Athènes
29 novembre 2017, par sebmenard“Notre monde moderne est tout occupé de l’exploitation toujours plus efficace, plus approfondie des énergies naturelles. Non seulement il les recherche et les dépense, pour satisfaire aux nécessités éternelles de la vie, mais il les prodigue, et il s’exécute à les prodiguer au point de créer de toutes pièces des besoins inédits (et même que l’on n’eût jamais imaginés), à partir de moyens de contenter ces besoins qui n’existaient pas avant.”Paul Valéry, Le bilan de la connaissance, éditions Allia.
(…) nous (...) -
Varna
24 novembre 2017, par sebmenard“ Nous passâmes toute la nuit sur les eaux noires comme le goudron. Le Turc ramait tranquillement d’un bout à l’autre du lac, on aurait dit qu’il voyait les contours de l’île. Il arrêta sa barque à l’aplomb du minaret, de la fabrique de cigares, au-dessus d’un caf’conc qui était fameux, au-dessus d’un grand café. À chaque fois je sondais du regard les eaux du lac. Je ne voyais que le visage d’un homme aux yeux noirs. Comme si j’avais été l’île, comme si, couché au fond, noyé sous les eaux, je m’étais vu (...)