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Ob-la-di Ob-la-da dans les haut-parleurs d’un village slovaque

lundi 16 novembre 2015, par sebmenard

Au sud de la Slovaquie on cherchait notre route comme ça arrive souvent à ceux qui prennent la route — il y avait le vent de l’est et de temps à autre une bagnole pour passer — quelques types dans leur jardin — des chiens à demi endormis — des ombres et des sacs plastiques.

On a fini par repérer dans la poussière deux traces fraîches — je veux dire — deux traces encore visibles et sans doute qu’en les suivant on y arriverait (en réalité on allait traverser des vents — des pistes usées — des asphaltes impraticables — une frontière — un fleuve et des sources chaudes).

Or donc — alors qu’on s’apprêtait à filer à travers les champs — ob-la-di ob-la-da a envahi les rues de ce village — quel est son nom — et alors nous avons découvert des haut-parleurs installés à intervalles réguliers — au coin des rues — à l’entrée des parcs ou des jardins — et ils diffusaient tous ob-la-di ob-la-da sans broncher.

On a croisé une ou deux bagnoles pas plus — deux ou trois types à pied dans les rues — tout le monde semblait trouver ça normal d’entendre ob-la-di ob-la-da dans les haut-parleurs du village — et surtout : personne ne semblait remarquer que les haut-parleurs crachaient ce son comme ça — en plein après-midi — un jour de juillet.

À la fin de la chanson — les haut-parleurs se sont éteints — on entendait quelques poules vivre leur destin de poules — et le monde entier semblait tenir dans le silence qui venait d’apparaître.

Je ne sais pas ce que je cherche à dire — je sais simplement qu’il faut le dire — ce qui suffit amplement.