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Au marché des héros modernes
mercredi 10 février 2016, par
au marché des héros modernes chacun cherche
ce que chacun doit chercher
si ton rêve c’est un cheval à balancier
des vinyles et des chaussettes cousues main
des fourrures ou des jupes d’un autre âge
tu vas les pieds dans la boue
tu attrapes
des pneus pour des routes à affoner
ou une paire de jeans seconde main
c’est tout comme des rêves à s’habiller des jambes d’une autre
une nuit rien qu’une nuit
ou bien un tapis volant dans la boue et carlingue
il ou elle envoie des SMS d’amour à ses petits héros ordinaires
alentour dis-moi un doigt d’honneur et fuck les héros modernes
leur quête
le nom des vents
celui des pluies
au marché une fois par semaine tu trouveras
quelques poissons d’ici ou d’ailleurs dans des bacs à eau
des vestes en solde pour costumer des ombres
des livres à parcourir jambes nues
des casques de chantier pour dérouiller des bétonneries
des extincteurs à faire mousser des récits
ou encore des pneus des pneus des pneus des pneus
rechappés chappés chapeaux chapardons des récits
des figurines en plastique ou de la vaisselle usée
à 25 cents l’entrée dans l’arène on pourrait danser encore
faire quelques tracés sur des cailloux
sentir des viandes des frites et des sauces
passer des mains dans des tas de fringues
essayer une canne à pêche
pour un traité de poésie qui s’appellerait
« la pêche à la truite en Europe de l’est »
ce qu’ils tirent des fleuves ce sont
des chargeurs des claviers et des barrettes de mémoire RAM
ou encore
des bottes neuves pour un enfant debout dans les eaux
qui rêve d’une perceuse d’une meuleuse d’une visseuse
ou de centaines de chaussures alignées dans la boue
les radios d’un autre temps sont à jamais silencieuses
et les cartons s’entassent sur le toit des carlingue
dans un coin une caravane pour vendre du vin rouge
et qui allume une ampoule à incandescence dans le ciel gris
une femme venue là a posé une peluche un cheval en plastique
un verre à bière un porte-monnaie et un briquet
l’ensemble sur un carton
deux gosses tirent une valise à rouler des rêves
quelques téléphones usés des trucs et des machins machines sans nom
des centaines de jeux en plastique et des fumées dans le ciel
une fois par semaine c’est le jour des déballages sous grisailles
des soleils de décembre des combattants et poupées en plastique et nues
des promotions certains gueulent des tarifs et des étals
une bouche s’essuie deux bières en gobelets
servies sur un plateau et pieds dans boue boue boue
quelques vêtements traditionnels
un pichet en terre cuite
et des enjoliveurs en plastique
nul feu de camp ni zétoiles ni zhéros