journal permanent | 08-2020

Allongé dans l’herbe sur un pare-soleil en aluminium acheté en Roumanie (c’est bien ça ?) il y a… huit ans ? Je remercie en pensée cette amie lointaine (elle vit, je crois, aux dernières nouvelles, en Estonie) pour cette idée : un matelas isolant du sol, est-ce très différent d’un pare-soleil ? L’océan s’engouffre dans le sable, à moins qu’il ne s’agisse de mon ignorance. Je pose encore un livre sur le pare-soleil et le protège de cette humidité du soir, voilà, il est 23h, soir d’août, 3/4 de lune, je bois (...)

Et parfois, une presque phrase ample, mais plutôt dingue, sort, s’arc-boute tout de même, tend, mélange et malaxe un quelque chose, je veux dire, un réel probable et changeant, passant, comme une pluie d’orage et d’énormes cotonneux blancs, qui se montent et chevauchent, comme le titre d’un livre, la chevauchée, qui m’adonne en avoine, et je dis, je virgule, ce qui m’étrange d’une manière ou d’une autre, alors il faut savoir l’attraper, voir l’instant et savoir qu’il est ici et maintenant, qu’il est (...)

écrireoui
à la lisière
La sauvagerie et Agir non agir font douter.
« Vois ce poème ; il n’empêche le crimeni ne ranime les mammifères morts,c’est notoire — pour cette apostrophe,l’ordinateur rame, l’imprimeur fait tomberune forêt, un cerf s’enfuit, affolé, en bramantsur le bitume où il laisse son ombre noire,le lourd camion du diffuseur l’a percuté :ce n’est qu’un poème, il a la beauté friabledu carbone dont il cherche l’excuse froidepour nous rapprocher de la catastrophe. »
Pierre Vinclair, La (...)

30°Cretour du dehors
suis là à l’établitriture livremachineordinateur
mort de Stieglerexplosion à BeyrouthVies minuscules ouvert là (p. 58 : « Le réel, ou ce qui se veut donner pour tel, reparut. »)
factures « à payerdès réception »
je chercheune façon de ne pas quitterce qui s’est installéen dedans

Vu l’océan. Mais aussi, choses remarquables ici : les arbres, beaucoup, grands, vieux. Hauts. Les vaux et collines. L’eau. Ruisseaux, rus (r.u.s.). Parfois dans un virage le dévers fait que le fossé est encore plein d’eau. Lentilles. Ou cresson.

Descente au village pour ravitaillement de quelques jours. À vélo. Toujours cette sorte de bien-être (ce n’est pas le mot) (satisfaction ?) à produire l’effort de porter la nourriture. Et comme on la pense différemment. Souvenirs lors de l’écriture de l’Oùrs. Voir aussi dans l’Amour d’Amirat. Peut-être dans Cabane d’hiver aussi. Garder ça.

Mais c’est vraià la finpourquoi ne sommes-nouspasdes resteurs ?
Depuis quelques jours à nouveau dans un rythme de route. Retrouver ça. Et ce que nous cherchions alors en 2015-2016.
vol de canardsdans le cielvers l’ouest
allongé dans l’herbej’écrismaladroitappuyé surun coudeet rincéde cette journée
j’ouvrele carnetun livreune carte
j’attends