Aujourd’hui — en passant l’entrée de la gare j’ai vu une fois encore les couvertures posées là — les tas de couvertures. Elles sont alignées contre les vitres — elles ne bougent pas — c’est tout à fait immobile — les néons blancs éclairent l’ensemble et le vent souffle des sacs plastiques des papiers des feuilles des trucs certains s’accrochent aux couvertures à leurs poils. Aujourd’hui — en arrivant à la gare — je suis passé vite — très vite — à côté des couvertures posées là — commme d’habitude — et je ne me (...)
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vocifération
Articles
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Poème des couvertures à l’entrée de la gare [9/29]
6 novembre 2013, par sebmenard -
A un moment précis...
4 décembre 2012, par sebmenardÀ un moment précis — à une période précise — et pour le bien de tous — on enlèverait nos peaux synthétiques nos peaux en coton — on enlèverait nos jeans et nos cuirs tanés nos tee-shirts équitables et nos pulls en laine — on enlèverait nos pantalons nos bijoux nos baskets en sylicone — et alors ça serait la nuit — et alors ça serait la neige — ça serait une nuit dans le blanc — ça serait dans le froid d’une de ces journées courtes et blanche — à l’abri des vens et des bruits.
Alors — l’un d’entre nous serait le (...) -
On n’a pas de langue...
30 novembre 2012, par sebmenardon n’a pas de langue
on n’a pas de langue on n’a pas de mot y’a rien
c’est mort
c’est tout mort
on n’a pas de langue
on sait pas quoi on sait plus c’est marre
chut au loin on entend l’accent d’un présentateur de journal radiophonique on entend le bruit d’un camion poubelle ses gyrophares dans le noir — on entend au loin quelque chose mais on ne sait rien
au loin on entend le bruit d’une ferraille c’est une ferraille qui se frotte l’une contre l’autre — deux ferrailles deux morceaux de ferrailles (...) -
À côté juste là — un homme
6 mars 2013, par sebmenard(...)
À côté — juste là — un homme est debout qui demande à un autre sa carte d’identité nous écoutons — un autre homme donne sans protester une carte d’identité et rien ne bouge — à côté — juste là — un homme tape sur sa machine des trucs des mots des chiffres et nous le regardons — à côté un homme dit ça sera plus cher comme ça — ça sera plus du double si vous n’avez pas d’argent ça sera plus du double — l’autre homme écoute il dit oui il dit qu’il n’a pas d’argent et que c’est pour ça donc que le premier continue (...) -
Nos corps en portent (encore) les traces
12 mars 2013, par sebmenard(...)
Seuls nos corps en portent les traces.
C’est ça.
C’est exactement ça.
Une nuit — ça serait une nuit — forcément.
Des types — ils sont debout fumée de clope — leur gueule sur un quai en bitume.
Au loin — on entend le bruit des roues en fer sur les rails métal froid — on entend une voix qui semble dire quelque chose mais on ne comprend déjà plus.
Sinon — c’est un fleuve large très large — c’est un fleuve sauvage on a l’habitude de dire ça c’est un fleuve sauvage — c’est bientôt l’hiver et les eaux (...) -
Poème du prix du timbre fiscal accompagnant une demande de titre de séjour [25/29]
9 février 2014, par sebmenardJ’ai entendu aujourd’hui le prix du timbre fiscal accompagnant une demande de titre de séjour. J’ai entendu aujourd’hui ce prix. Non : en réalité j’ai entendu quelqu’un parler de ce prix. Cette personne m’a montré un document très officiel — un document préfectoral on peut le nommer ainsi — j’ai entendu surtout qu’elle disait que ce n’était pas possible. Il y avait — je l’ai senti — quelque chose dans sa voix on pourrait dire déception sans doute. Ensuite elle a rangé son document très officiel et préfectoral (...)
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Alors on avait voulu parcourir les routes de l’Europe
13 novembre 2014, par sebmenardAlors on avait voulu rouler sur les routes de l’Europe.
Quitter nos cabanes nos baraques et nos territoires.
Toutes ces histoires d’ours — de mecs qui prennent la route la nuit dans la neige — toutes ces histoires de poussière de poème d’eau-de-vie et de feu qu’on allume — c’était quoi alors ?
On avait voulu parcourir les États — traverser les États. On avait voulu rouler — comme ça — sans savoir autre chose que les bords de nos mondes — les bouts de nos plaines — sans chercher autre chose que le nom (...) -
Poème des barres de combustible [5/29]
3 novembre 2013, par sebmenardAujourd’hui j’ai appris que l’opération la plus dangereuse de toute l’histoire de l’humanité allait bientôt débuter — c’était écrit ainsi — l’opération la plus dangereuse de toute l’histoire de l’humanité. Il était question de barres de combustible d’un certain poids — de leur fragilité — et de leur déplacement. Aujourd’hui j’ai appris que cette opération allait bientôt débuter — et qu’elle allait durer quelques temps. J’ai éteint la petite lampe placée à côté de mon ordinateur et qui éclaire peu de choses — le (...)
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Poème des armes dites illégales [26/29]
25 février 2014, par sebmenardJ’ai lu aujourd’hui l’expression « armes illégales ». Oui c’est ça : j’ai lu aujourd’hui l’expression « armes illégales ». Ces deux mots côte à côte : armes + illégales. J’ai trouvé ça illogique. J’ai trouvé ça surprenant. Toutes les armes devraient être illégales. Et — écrivant cela mot à mot — toutes-les-armes-devraient-être-illégales — j’ai trouvé ça inutile et mou. Terriblement mou. Je ne connais rien des armes. J’ai vécu quelques temps dans ces lieux où voir une arme c’est toujours les jours. Mais je ne connais (...)
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Poème avec un AK-47 [27/29]
1er mars 2014, par sebmenardJ’ai vu aujourd’hui un homme dessiner un AK-47. Je n’ai pas immédiatement reconnu un AK-47 : je ne suis pas spécialiste — et son dessin était très approximatif. D’ailleurs il a mis beaucoup de temps à terminer son dessin — cet AK-47 n’était qu’une partie de l’ensemble — mais il était en plein centre de la feuille. Un homme le tenait dans les mains. On peut dire — je pense — qu’il l’utilisait puisque un trait en pointillés partait du canon de l’AK-47 et filait à travers la feuille et les mots. Car il y avait (...)