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Roumanie la plaine, 3

lundi 30 avril 2012, par sebmenard

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retour vers le collage #3 la plaine


**seconde version

champs jaune jaune colza — chemin de terre une bête serpent à travers les herbes — camion chargé ruches sur la colline — terre ouverte et lignes droites les charrues socs — la route nationale comme un trait sur un papier froissé les bagnoles dessus et le soleil sur les vitres — charrette filant chargée plein Nord — boule de fer et rouille à l’entrée des villages — fossés pleins sacs et plastiques — poteaux en béton sans leurs fils et bêtes — des chiens — plateforme en béton éventrée des herbes au milieu d’un champ — carcasse de clébard crevé là le souffle du vent dans ses poils — un âne braie sans bruit contre une clôture en fer ouverte — cheval blanc entre les rails — puits en béton entouré des terres sèches

(quoi faire de ces listes — qu’est-ce qu’on trouve à faire ça — quelles clefs — le rythme l’image qu’on cherche — un claquement de langue et donc le coup de sifflet en gare — même pas possible de dire son nom y’a pas)

entrepôt de béton dressé dans le soleil — troupeau de bêtes avançant plein Ouest — des chèvres — un vol d’oiseaux blancs sur une pente un val au milieu de l’eau c’est une flaque — une grande mer c’est une plaine plaine et verte — une machine jaune et son bras noir là dans les herbes — tuyauteries relevées des terres — un robinet rouge rouge à tourner avec les bras — un type est debout sur le béton d’un quai poussière — le vent dans sa chemise bleue usée

(or donc c’était un jour d’avril — il faisait déjà trente degrés dans les plaines de l’Est — mes mains transpiraient sur le clavier la machine — goutte de sueur brune et poussière sur l’aluminium du boitier — battements réduits des MP3 dans les écouteurs blancs)

à l’entrée d’un village une moissonneuse batteuse attend jaune rouille contre un hangar travers — une berline bleue file sur la nationale — types en gilets fluorescents et machines en marche — bouteille de jus sans étiquette posée contre la tôle du wagon — un arbre est seul qui debout au milieu d’un champ fait de l’ombre à quelles bêtes — blocs de béton à intervalles réguliers à travers les céréales encore jeunes avril — carcasse en béton semi détruite d’une ferme quelque chose — traverses en béton ferrailles entassées le long des rails — eau non potable dans une autre langue et au marqueur rouge sur un puits à l’ombre

(derrière les écouteurs on entendait quand même le son des rails et du fer — un type à côté chewing-gum — vieille femme endormie à l’ombre — c’était le train le moins cher — il s’arrêtait à toutes les gares et on roulait vers la capitale)

un type est assis avec ses quatre vaches — maison bleue en terre et bois — tas de déchets sacs — une femme est là dedans qui semble chercher quoi — un feu au loin fumée gris noir — immeubles bruns de quatre ou cinq étages dressés dans le soleil et le bleu — wagons rouilles laissés par deux sur des rails sans connexions — forêts d’arbres et d’ombres avec types autour d’un feu et des viandes — longue suite d’arbres alignés dans la terre brune des plaines de l’Est — tas de fleurs jaunes avril dans les herbes — y’a des trucs comme des ravines rigoles dans les champs — sacs plastiques et canettes de bières

(le wagon se chargeait de plus en plus — les gens des plaines montaient vers la capitale — il faisait chaud — on ouvrait les fenêtres et nos têtes cognaient contre la vitre — parfois pendant plusieurs dizaines de minutes il n’y avait rien — c’était plat — c’est ça qui fascinait et qui expliquait peut-être un peu juste un peu pourquoi écrire — c’était ceux qui vivaient là et leurs traces — sur mes jambes la température de la machine montait de plus en plus)

quai de gare en ferraille rouillée — toits en zinc et jardins d’avril — un chien semble aboyer qui tourne autour d’un piquet en bois — rivière d’eau plate immobile et grise — deux porcs sont à l’ombre d’une baraque en briques — bâches en plastique vert vert sur des foins secs — un homme est debout qui d’une main tient son gosse au soleil et bord de voie ferrée — vieille baraque à la bombe noire sur le mur — longue suite de pylones en ferraille et fils électriques tendus lâches entre eux — vent qui souffle les herbes et les céréales — chemin de terre jaune brun — tracteur bleu neuf qui pompe dans un ruisseau boues — puits de pétrole et machine jaune bleu s’activant sans cesse

(à la gare Ciolpani on aurait pu se dire c’est pas possible vivre là — ils avaient alignés des ruches à l’ombre P.A.T. — trois lettres à la bombe noire sur la brique — et puis le soleil à travers la vitre)

souffle de la sirène du train — baraques immenses et béton en construction — station essence et tâches de gasoil — silos à grains immense et blanc — interdiction de fumer — cabane en tôle rouillé — wagons à bestiaux alignés au soleil — rolling stock en anglais sur la tôle des wagons — magazin mixt et type courant une bière à la main

(en fait c’est comme si je m’étais dit — je vais tout écrire — je vais tout dire — je vais tout mettre dans ma machine et comme ça quoi — on s’inventait des histoires elles étaient presque vraies et c’était tellement vrai la vie qu’on pouvait pas se taire — à côté le type regarde sur mon écran les mots de cette langue qu’il ne comprend pas s’ajouter les uns aux autres)

trois cylindres en fer rouille sont debout au sud — des puits de pétrole tournent les uns contre les autres — poste de répartition électrique aux couleurs du pays — sept ou huit voies ferrées portant leurs wagons à pétrole et les herbes sèches — ponts de béton traversant un fleuve à sec — avril dans la plaine de l’Est.


**première version

champs jaune jaune colza - chemin de terre une bête serpent à travers les herbes - camion chargé ruches sur la colline - terre ouverte et lignes droites les charrues socs - la route nationale comme un trait sur un papier froissé les bagnoles dessus (le soleil sur les vitres) - charrette filant chargée plein Nord - boule de fer et rouille à l’entrée des villages - fossés pleins sacs et plastiques - poteaux en béton sans leurs fils et bêtes - des chiens - plateforme en béton éventrée des herbes au milieu d’un champ - carcasse de clébard crevé là le souffle du vent dans ses poils - un âne braie sans bruit contre une clôture en fer ouverte - cheval blanc entre les rails - puits en béton entouré des terres sèches

(question pour maintenant - quoi faire de ces listes - qu’est-ce qu’on trouve à faire ça - quelles clefs - faut imaginer ça dit à voix haute - le rythme - l’image qu’on cherche - un claquement de langue et donc le coup de sifflet en gare - même pas possible de dire son nom y’a pas)

entrepôt de béton dressé dans le soleil - troupeau de bêtes avançant plein Ouest - des chèvres - un vol d’oiseaux blancs sur une pente un val au milieu de l’eau c’est une flaque - une grande mer c’est une plaine plaine et verte - une machine jaune et son bras noir là dans les herbes - tuyauteries relevées des terres - un robinet rouge rouge à tourner avec les bras - un type est debout sur le béton d’un quai poussière - le vent dans sa chemise bleue usée

(or donc c’était un jour d’avril - il faisait déjà trente degrés dans les plaines de l’Est - mes mains transpiraient sur le clavier la machine - goutte de sueur brune et poussière sur l’aluminium du boitier - battements réduits des MP3 dans les écouteurs blancs)

à l’entrée d’un village une moissonneuse batteuse attend jaune rouille contre un hangar travers - une berline bleue file sur la nationale - types en gilets fluorescents et machines en marche - bouteille de jus sans étiquette posée contre la tôle du wagon - un arbre est seul qui debout au milieu d’un champ fait de l’ombre à quelles bêtes - blocs de béton à intervalles réguliers à travers les céréales encore jeunes avril - carcasse en béton semi détruite d’une ferme quelque chose - traverses en bétons ferrailles entassées le long des railles - eau non potable dans une autre langue et au marqueur rouge sur un puits à l’ombre

(derrière les écouteurs on entendait quand même le son des rails et du fer - un type à côté chewing-gum - vieille femme endormie à l’ombre - c’était le train le moins cher - il s’arrêtait à toutes les gares et on roulait vers la capitale)

un type est assis avec ses quatre vaches - maison bleue en terre et bois - tas de déchets sacs - une femme est là dedans qui sembler chercher quoi - un feu au loin fumée gris noir - immeubles bruns quatre ou cinq étages dressés dans le soleil et le bleu - wagons rouilles laissés par deux sur des rails sans connexions - forêts d’arbres et d’ombres avec types autour d’un feu et des viandes - longue suites d’arbres alignés dans la terre brune des plaines de l’Est - tas de fleurs jaunes avril dans les herbes - y’a des trucs comme des ravines rigoles dans les champs - sacs plastiques et canettes de bières

(le wagon se chargeait de plus en plus - les gens des plaines montaient vers la capitale - il faisait chaud - on ouvrait les fenêtres et nos têtes cognaient contre la vitre - parfois pendant plusieurs dizaines de minutes il n’y avait rien - c’était plat - ce qui fascinait et ça expliquait peut-être un peu - juste un peu pourquoi écrire - c’était ceux qui vivaient là et leurs traces - sur mes jambes la température de la machine montait de plus en plus)

quai de gare en ferraille rouillée - toits en zinc et jardins d’avril - un chien semble aboyer qui tourne autour d’un piquet en bois - rivière d’eau plate immobiles et grise - deux porcs sont à l’ombre d’une baraque en briques - bâches en plastique vert vert sur des foins secs - un homme est debout qui d’une main tient son gosse au soleil et bord de voie ferrée - vieille baraque à la bombe noire sur le mur - longue suite de pilonnes en ferraille et fils électriques tendus lâches entre eux - vent qui souffle les herbes et les céréales - chemin de terre jaune brun - tracteur bleu neuf qui pompe dans un ruisseau boues - puits de pétrole et machine jaune bleu s’activant sans cesse

(à la gare Ciolpani on aurait pu se dire c’est pas possible vivre là - ils avaient alignés des ruches à l’ombre P.A.T. - trois lettres à la bombe noire sur la brique - et puis le soleil à travers la vitre)

souffle de la sirène du train - baraques immenses et béton en construction - station essence et tâches de gasoil - silos à grains immense et blanc - interdiction de fumer - cabane en tôle rouillé - wagons à bestiaux alignées au soleil - rolling stock en anglais sur la tôle des wagons - magazin mixt et type courant une bière à la main

(en fait c’est comme si je m’étais dit - je vais tout écrire - je vais tout dire - je vais tout mettre dans ma machine et comme ça quoi - on s’inventait des histoires elles étaient presque vraies et c’était tellement vraie la vie qu’on pouvait pas se taire - à côté le type regarde sur mon écran les mots de cette langue qu’il ne comprend pas s’ajouter les uns aux autres)

trois cylindres en fer rouille sont debout au sud - des puits de pétrole tournent les uns contre les autres - poste de répartition électrique aux couleurs du pays - sept ou huit voies ferrées portant leurs wagons à pétrole et les herbes sèches - ponts de béton traversant un fleuve à sec - avril dans la plaine de l’Est.