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Hemingway à Raşinari

samedi 25 février 2012, par sebmenard

Tout en lui était vieux, sauf les yeux - et ils étaient de la même couleur que la mer, joyeux et invincibles.

Hemingway, Le Vieil homme et la mer. Traduction François Bon. Publication suspendue, exception au Québec : ici - on parle seulement de ce que ça fait lire - comme c’est bon et comme c’est beau.

Il n’y avait pas de filet, et le garçon se souvenait du jour où ils avaient dû le vendre. Mais c’était leur fiction de chaque jour.

Ruelle de Raşinari, Roumanie. En lisant le Vieil homme et la mer - dans le brassé de langue - immédiatement pensé à Rasinari - village de Roumanie au Sud de Sibiu - Cioran l’a habité - jamais lu Cioran - sans doute parce qu’il y a un vieil homme - c’était un jour d’hiver il marchait et ses yeux étaient bleus vraiment bleus - il était épuisé des jours mais pas de la vie - voilà c’est ça il revenait de sa montagne et nous donnait un sac de noix - toutes les noix - et après il avait filé chez lui comme ça épuisé vide.

La plupart des gens n’ont pas de coeur quand il s’agit de tortues, parce qu’un coeur de tortue peut battre encore des heures même après qu’on l’ait extrait et coupé en deux.

A Raşinari - ils font quoi - les baraques au pied des Carpates les types là - à l’été ils dorment sur les bancs et marchent vers la montagne - ce qu’ils en savent - ce qu’ils veulent bien en dire - comme ils suivent les bêtes les aiment et les accompagnent - reste à savoir qui te l’a dit.

Mais maintenant c’est pas le moment de penser au baseball, pensa-t-il. Maintenant c’est le moment de penser à une chose et une seule : celle pour laquelle je suis né.

Cette fascination - la lecture - quelque chose ça bouscule et on peut pas lâcher - la langue la langue ce mélange c’est un souffle vraiment puissant - et pourquoi il était né celui qui a écrit ça alors - c’est un vent en fait comme sur la colline à côté Rasinari c’est pas vraiment fort mais ça vient bourrasque et de temps à autre c’est un peu plus fort et de temps à autre - c’est un peu plus calme.

Peut-être que je n’aurais pas dû me faire pêcheur, pensa-t-il. Mais c’était la chose pour laquelle il était né. Et il faudra que je me souvienne de manger le thon quand le jour sera levé.

-Poisson, dit le vieux, de toute façon tu vas mourir. tu veux que je meure aussi ?
De cette façon-là on n’y arrivera pas, pensa-t-il. Il avait la bouche trop sèche pour parler et ne pouvait plus attraper l’eau.

C’est un brassé un vent - un tournoiement sans fin la langue - ce que le vieux dit à voix haute à son bateau pour lui au poisson - ce qu’il pense et c’est là dans les mots brassé des bruits du narrateur.

Mais je dois penser, pensa-t-il. Parce que c’est tout ce qu’il me reste. Ca et le baseball. Je me demande ce qu’aurait pensé le grand DiMaggio de la façon dont je l’ai harponné dans le cerveau ?
Ce n’était pas une chose spécialement difficile, il pensa.

A Raşinari y’a les bergers - ils sont dans leurs peaux de bêtes et debout dans le jour et la nuit - au bord de la route un soir il est là debout un bâton à la main - et cette fascination se dire qu’est-ce qu’ils pensent les types comme ça debout et leurs montagnes comme ils les connaissent - les bêtes qu’ils surveillent - celles qu’ils éloignent.
Ce soir-là j’avais voulu prendre la photo - trop sombre - un autre jour au bord de la route à la volée et c’est même pas nous le doigt sur le déclencheur. (photo : Manu Collet)

C’est facile, quand tu reviens battu, pensa-t-il Je n’avais jamais su comme c’était facile. Et ce qui t’a battu, pensa-t-il.
- Rien, dit-il à voix haute. Sauf que j’était allé trop loin.

Au dessus de Rasinari y’a un autre village - et pas de nom à son entrée - un type y vient qui saoul de quels alcools parle seul en marchant dans la neige.

Boite Noire |
J’ai lu la traduction en poche du Vieil homme et la mer - quand exactement aucune idée mais y’avait le lycée en même temps - ai prêté le bouquin - jamais revenu.
On m’a prêté la traduction François Bon - mon abonnement publie.net était en standby au moment de ce qui n’est pas une affaire - comme il dit - lu sur l’iPod.
J’ai pensé à Raşinari - visité trois fois ce village et y’a quelque chose d’une fascination là-bas - toutes les photos datent de notre dernière visite - janvier 2012.