journal permanent | 30 septembre 2022

matin d’automne frais noir noir
une ou deux bananes alors
et de la poire ou pas de poire
et beurre de cacahuète — toujours — 
et deux ou trois tartines nous tournons autour
tomber d’accord
comme calme ou silence
puis s’apaise disons la conversation
commence questions yeux brillent

à la misère primitive de la langue sont mots, grognements, souffles et silences — un fouillis mental, écrire, fatras silencieux, solitaire — et qu’on le rende au cosmique ou à la poussière — à la boue ou à nos semblables — aux bêtes — aux bassins versants — aux bois — aux forêts décimées — aux fleuvees et aux ruisseaux ça cumule dedans — s’entasse et recopiage colle couture et dettes — une matière première substrat argile humus silences et autres fragments — éléments traces indispensables où tenir.

mais c’est quoi alors un poème ? — un bazar un « bloc de soi-je intense » un encombrant gênant sacréSacréSACRÉ à jeter aux monstres, aux bêtes, aux crocodiles, aux oublis et aux lointains — goutte d’eau poussière ou boue oui d’accord et parfois j’imagine une serpe — non, mieux : une pelle de survie — et je creuse un petit trou — j'y glisse le bois sec sec — et j’y allume le feu — le feu du poème ! — façon de se donner courage.