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journal permanent | 29 avril 2018

dimanche 29 avril 2018, par sebmenard

Les pluies me font penser aux plaines de l’est — aux montagnes de l’est — aux Carpathes
vision d’un château dans le récit de Jules Verne !
vision des gouttes d’eau s’étirant sur la vitre
d’une vieille casa
en bois !
vision de la forme arrondie du temps
s’écoulant dans la montagne !
vision d’une vieille tire s’échappant dans les flaques
& bitume bitume & nids-de-poule !
vision d’une bande
de chevaux tête contre tête
à l’abri à l’orée
d’une forêt de l’est !
vision des pieds dans boue
boue
boue
boue du chemin du poème du chemin
de cette cheminerie ! vision
de la cheminée du feu
du feu tenu tout le jour

ça

et bande-originale : Astrakan Café d’Anouar Brahem
vers lequel toujours revenir


Je repense souvent à abîme et temps
cette piste de Mahigan Lepage

hier soir c’était en relisant L’écriture sans écriture (Kenneth Goldsmith) (trad. François Bon)
je notais encore The Making of the Americans (G. Stein)
Joe Gould et son An Oral History of Our Time (inexistant)
le Variable Piece #70 de Douglas Huebler

je crois que je vois là pourtant
de nombreuses différences

le noter me pousse à ouvrir au hasard le dictionnaire Khazar de Milorad Pavić (c’est ainsi que je le lis) :

 « Le Hongrois tourne les talons et s’apprête à regagner son arrière-boutique d’où il est venu, là-bas d’où arrive une odeur de paprikash. Alors la poule se lève de son chapeau et, caquetant, attire l’attention sur l’œuf qu’elle vient de pondre. Le Hongrois saisit l’œuf avec précaution et le met dans un tiroi après y avoir inscrit quelque chose. C’est une date — 2.10.1982 — et je remarque non sans étonnement que ce jour ne viendra que dans quelques mois. »

Ce qui me suffit (je sais qu’il y a une suite
qu’il y a d’autres pages avant — c’est un dictionnaire — ? —)

tout cela est à la page p. 92 du livre rouge, à l’entrée Souk Dr Israïlo de l’exemplaire féminin du Dictionnaire Khazar édité par Le Nouvel Attila.


Je sais que ce sont déjà des pistes qui m’aident (ce n’est pas le bon mot
qui me dérangent
me poussent
malmènent
éclairent)
et j’y repenserai pour le Matériaux et espaces vides pour un récit pour Où dormir aux abords des villes d’Europe pour
je ne sais quelle idée étrange

mais c’est surtout
que manger de la terre nous aiderait probablement
(mon fils enfonce ses mains
dans le terreau noir noir
que j’ai versé dans une grande bassine
en zinc
il semble heureux de faire ça
il fait des allers-retours
dedans
il enfourne une belle quantité
de cette terre
noire noire dans sa bouche
et crache et rit
et recommence
TOUT CELA DANS UN ÉTAT DE CONCENTRATION
INTENSE
intense
intense)

ici un extrait du Kenneth Goldsmith mais lequel
je ne le retrouve pas


quelles sont tes drogues ? (poètes)


Rivage sera de toute évidence un livre sur le Mal ; je l'espère, dans son incompréhensible substance. C'est-à-dire brouillon, confus, dispersé sur des strates insaisissables. Un livre dans lequel la trame principale sera toujours secondaire. Un film sans spectateur. Une mine oubliée sous la terre.

(Quentin Leclerc dans ses relevés)