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journal permanent | 28 mars 2018

mercredi 28 mars 2018, par sebmenard

J’affone dans nuit dans noir. Je fonce dans ça. J’abats du boulot. Il faut s’en satisfaire. Se satisfaire de ça. Il faut. La salle où j’interviens ce jour est noir. Volet fermé, bloqué. Comme ça depuis des mois. S’en satisfaire ! S’en satisfaire ! S’en satisfaire !


Quand on a la langue pour terrain de travail, sans cesse recommence le besoin de me nourrir. Là par exemple (Marie Cosnay à propos de la traduction des Métamorphoses :

 « Ce n’est pas le même si c’est ton français ou mon français – le mien, par exemple, est inconsciemment teinté de tournures empruntées à l’occitan. Une langue est faite de plein de choses qui ne sont pas de moi mais de ce qui m’entoure : les livres que j’ai lus, que je lis, les chansons, les musiques que j’écoute, les images qui me sont proches, les autres langues que je parle (ou que je ne parle pas, qui m’accompagnent pourtant). Aucune langue n’est un bloc, aucune n’est donnée.

On ne parle jamais qu’une seule langue. On ne parle jamais une seule langue », dit Derrida dans Le Monolinguisme de l’autre.

Même la langue que je parle, moi monolingue, est composée d’autres, de celles dont je suis privée, de celles qui se sont absentées, sans drame, qui résistent à l’intérieur. »


Pluie sur la vitre (la voix du contrôleur
dans le TER du matin
« bonne journée à tous
sous cette pluie
radieuse »)

(ou encore :
« notre train
TER
arrive en gare
avec quelques
petites
minutes
de retard
comme à l’habitude
j’imagine »)

(et tous les voyageurs
sourient
dans la rame)


sur un ticket de caisse garantie sans bisphénol A

j’écris

« villes dont on
ne revient pas
ou plutôt
visions
dont on ne revient pas »

(j’écris VISIONS
en majuscules)