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journal permanent | 15 décembre 2017

vendredi 15 décembre 2017, par sebmenard

« J’aime ce bleu ocre nuit des matins de l’hiver (reflet du ciel sur le fleuve au lointain — dernières étoiles — lune dans nuit) »

« Et la lune est si fine » (dit-elle).

Nous sommes usés, fatigués
nous accumulons les mots à lire
les pistes
les possibles

l’ennui n’existe pas

le soleil apparaîtra à 8h52
(jaune brûlant au-dessus du coteau en face)


Une énorme Porsche sur la piste cyclable — accélérant frôlant.


Le libraire de Myriagone à qui il restait à ce jour quatre (4) Centuries de Manganelli (j’en ai pris un).


Je devais retourner à Jean-Pascal Dubost :

 « Oui, le rêve d’un livre épais comme dix est un rêve éveillé, un livre qui serait composé de bric et de broc, d’un gigantesque fatras formel et de ton, fait de pages de mes carnets (jusqu’aux plus insolites), de poèmes achevés et inachevés, indéfiniment, de notes de lectures, de notes de travail, de ratures, de lexiques, de micro-récits, de mémentos, etc. Une totalité à échelle humaine, et sans aucune intention universelle (ma bête noire !). »

p. 19

 « Le lirique est un « horrible travailleur » rimbaldien doté d’un « héautontimorouménos » baudelairien-terencien bandant flaubertinnement »

p. 45 (Sur le métier)


Dans l’Est (Stasiuk) — trouée du récit :

 « Par une nuit d’octobre, en 1987 ou 1988, j’ai mangé trente champignons hallucinogènes et je suis allé jsuqu’à Górna Radocyna1, près de la fontière tchécoslovaque. En l’espace d’une heure, le village s’est ranimé. Des lumières brûlaient aux fenêtres. Une lueur dorée, douce. À travers les portails béants des étables se dégageait l’odeur de foin et de bétail. Des seaux tintaient près du puits, des voix fusaient, des chiens aboyaient, quelqu’un est passé près de moi et j’ai senti sa chaleur. Malgré la nuit, je distinguais le bois des maisons et des palissades, meurtri par le temps, et j’avais l’impression de voir la blancheur du lait versé après la traite du soir, je voyais sa coulée chaude rempli un à un les récipients. Et même si quelque chose échappait à ma vue, je savais que tout était là, dans l’obscurité, inchangé depuis des siècles, passant du père au fils, chaque geste, chaque élément, le bien et le mal, toujours à sa place. Cette nuit-là, au clair de lune, je marchais dans une vallée des Carpates, vers la ligne de partage des eaux. Autour de moi, le village ressucité vivait au rythme de ses habitudes séculaires, et je me sentais comme un fantôme. Personne ne me remarquait, pourtant je m’arrêtais ici et là. Seuls les chiens devaient sentir ma présence, car ils tiraient avec une force décuplée sur leur chaîne. »

p. 18

P-SNY et P-CEL et R-BASS

rendu p. 43 — d’un livre non-empruntable


Il ne faut pas trop y penser. Choses apparaissent. Est-ce que c’est écrire un ensemble, ou plutôt qu’il y a un cycle (on le repère dans un temps, un espace de temps) — et que c’est dans ça que ça se passe ?


Lecture de Sidérer, Considérer.