diafragm

Accueil > Carnets | SebMénard > journal permanent > journal permanent | 2017 > journal permanent | 2017-11 > journal permanent | 22 novembre 2017

journal permanent | 22 novembre 2017

mercredi 22 novembre 2017, par sebmenard

Le film des cabanes.


Ça se mélange ville cabane forêt et c’est bien-bien (penser à monter à la librairie pour un livre, un carnet, passer à l’Épicerie de Marie et tenter de dire une fois un quelque chose là dans mots) (viens d’accepter un puis presque deux boulots — petits — à venir mais mais mais)


 « (…) au moment qu’à peine relevé, il va faire son viandis d’herbes humides et de baies grasses (brouteur de vocables herbacés, au ras du sol, et dévoreur de canche flexueuse, de grande luzule, de luzule blanche, d’agrostis, de fétuque ou de laiche poilue ; ou ligneux, comme ronce, bruyère, hêtre, framboisier ou myrtille). »

Christian Doumet, Traité de la mélancolie de Cerf, Champ Vallon, p. 18.


Étrange comme le poème (?????!) ne vient pas dans l’immobile. Le poème a quelque chose à voir avec les pieds, avec le souffle, avec le battement de la pompe intérieur (hier un jeune demandait s’il cela avait lieu assis au bureau, à la table de travail : quasiment jamais) (et je pourrais être plus précis finalement : le bureau c’est pour les ajustements, les suppressions, la relecture et la lecture — le surgissement a lieu ailleurs, mais n’aurait certainement pas lieu sans la lecture, en amont) (et plus généralement : l’atelier est fait de différents espaces, lieux).

Revenir à tout ça.


Pédalant pensant cuisse (pensant avec les cuisses, les pieds, la pompe, la pompe à liquide, pensant sué sueur salée sur peau pensant) — pensant vélocypédant tranquillement SANS INQUÉTUDE (j’ai trouvé du travail pour quelques semaines !) — tête mal pensée dedans vrac et dans la fume applatie par les vents du sud (15 degrés un 22 novembre) je constatais que je m’étais allégé — considérablement allégé de la question du réel de la fiction de ce bazar et je filais fouille frais sinon qu’il faudrait voir à décrasser la transmission de ce vélo.


moto-pompe du poème / poésie à bras
vers poreux / prose boueuse
arrosoir de la pense
quoi encore ?
serpette
faux (faulx)
cuve

(penser à en faire
le budget précis)


Au soir :

 « Qu’est-ce donc ? — Cerf est là, près de moi à brouter, et j’entends le rapt hâtif de l’herbe sous ses dents, le bruit herbu de sa manducation. Puis lève la tête, et s’en prend au feuillage dans lequel il arrache plus qu’il ne coupe, il dévore plus qu’il ne choisit. Qu’est-ce donc ? — Avec lui dans le désert herbagé du monde. Comme lui.

Je commence à comprendre, brouteur moi-même de langage, qui arrache mots au buisson plus que ne coupe, et dévore plus que ne choisis, pourquoi si intimement rapproché, il ne prête attention à ma présence : c’est qu’il me prend pour l’un des siens.

Et qu’est-ce donc en effet que la différence du guetteur à la bête guettée ? »

Christian Doumet, Traité de la mélancolie de Cerf, Champ Vallon, p. 18.