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Vinau, Thomas | Juste après la pluie

lundi 11 juillet 2016, par sebmenard

 « Le cœur et les pieds

Les héros
sont toujours équipés
de bonnes chaussures
de ces bottes de sept lieues
des santiags en croco
ou de celles
dans les talons desquelles
on planque de quoi survivre
le cœur des héros est toujours
en cuir bien doublié
bien clouté
bien fourré
ce ne sont pas
mes vieilles baskets usées
qui diront le contraire »

p46.

 

 

 

 « La nuit s’allume

J’éteins les dernières lumières
la nuit s’allume
je rejoins le lit à tâtons
m’assois sans faire de bruit
elle dort déjà
elle respire
comme un ange fatigué
un ange qui a trop donné
je me glisse sous les draps
il s’agit de frôler sa chaleur
sans risquer de la réveiller
on ne réveille pas
un ange fatigué »

p.40

 

 

 

 « La muse

Toute la nuit
l’ours lui avait
collé des beignes
à l’aube
sous les croûtes
de sang
il trouva
un poème »

p. 55

 

 

 

 « La forêt qui ne brûle jamais

Le soir je traverse
torche à la main
une forêt pleine de questions
qui se balancent
doucement
aux branches
d’arbres inconnus
comme des silhouettes
de pendus
j’y mets le feu
nuit après nuit
et chaque aube
a un nouveau goût
de cendre »

p.216

 

 

 


Vinau, Thomas, 2013, Juste après la pluie, Alma Éditeur.