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Vinau, Thomas | Bleu de travail

mercredi 15 juin 2016, par sebmenard

Une luciole

 « Un wagon de lucioles s’est arrêté dans le jardin pour grignoter le crépuscule. Il ne faisait pas encore tout à fait nuit. Je t’ai dit, tu veux voir les lucioles ? Tu es venue pour me faire plaisir. Tu avais froid et tu étais pieds nus. Le voisin débile étaint en train de couper une branche, comme d’habitude. Tu grelottais et le vent remuait tes cheveux. La nuit faisait de grandes enjambées dans les branches des arbres. Tu m’as dit, c’était bien hier soir quand on s’est relevés pour chercher le bruit dans la maison. Et puis ce qu’on a fait après. J’ai dit, oui c’était bien. Je n’ai pas beaucoup d’à-propos. C’est pour ça que le matin j’écris des poèmes. J’aurais dû dire : chaque soir avec toi est une luciole qui grignote le crépuscule.

À Émilie »

Se salir

 « On tourne en rond. Il faudrait vider les greniers avec de grands balais qui remuent la poussière. Il faudrait rouler avec les vitres ouvertes dans le champ de luzerne. Cueillir les asperges sauvages. Planter son nez là où ça sent. Boire du vin au bord de la rivière. Prendre ce qui passe. Il faudrait se salir. Tous ensemble. Sans projet. Comme avant. »


Vinau, Thomas, Bleu de travail, 2015, La fosse aux ours.


chaque texte un petit trésor / horlogerie (c’est le mot qui vient)

des livres courts et intenses qui te font quelque chose

il faudrait citer chaque fragment

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