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Cuivres

mardi 2 février 2016, par sebmenard

Les cuivres de l’est. C’était ça la bande-son de nos défilements de poétes sans nom.

Un jour on cherche sans trouver les cuivres de l’est ou d’ailleurs à la White house — le club du bout de l’Europe immonde et sous la pluie. Alors des corps dansent pieds nus.

Un jour l’un d’entre nous tous et ailleurs et loin — sur les routes de l’est un matin d’une autre année achète l’accordéon de ses rêveries dans un shop de l’est. Combien pèse un accordéon dans la balance rouillée de nos carlingues et des frontières qu’on traverse ?

Une nuit — une Dacia est ouverte sous la pluie des montagnes de l’est et qui distille des sons de l’est pendant qu’autour chacun refait sa dinguerie de l’est et tente de mettre des mots les uns sur les autres. Tous nus dans un torrent froid de l’est les héros de nos récits pourraient ensuite refaire éternels ce récit. Une basse ne cesse alors entre les pins entre les boues.

Un autre jour sur notre carte déchirée déjà il y avait le mot Caransebeş et d’autres encore — nous on cherchait le taraf ou quoi de l’est on s’obstinait disait-on s’y prenait précisons comme des branques (déjà dit) — nos petites quêtes qui s’oublient qui s’oublient qui s’oublient puis qui montent.

Une nuit dans une de ces capitales et béton de l’est on finit par passer devant un mariage de l’est avec orchestre de l’est et marmite de l’est — les héros de ce récit ou d’un autre poussent la porte et se mettent à danser dans la nuit de l’est — tout est dans l’ordre.

Plus tard nous payons quelques dinars pour voir la fanfare de Boban dans un bars de l’est et ça sent la bière — la sueur — la poussière le mois d’août à l’est (au lendemain on se fait vider les poches incognito debout devant les cuivres de l’est qui n’en finissent plus de jouer les cuivres de l’est — trois coups de canon résonnent entre les collines au matin).

Encore plus tard nous passons combien de mois et un hiver à l’est — auraient-ils une trompette quelque choses des cuivres et des mélodies que nous pourrions ramener de l’est et jusqu’où alors ? Un matin un seul alors il arriva qu’un orchestre accompagne le corps du défunt vers sa terre. Puis nous avalâmes les bornes à coup de centaines pour une nuit de trompette au loin — alors débutèrent d’autres temps et d’autres phrasés pour les héros de l’est comme les autres — et poussière et poussière et poussière.

Quelqu’un retourne dans ce shop de l’est et fait l’acquisition d’une flûte de l’est ayant traversé un continent — comme nous tous ici alors — rassuré soufflons soufflons soufflons.

Encore une fois la fanfare de Boban à l’est. Encore une autre fois. Et puis d’autres. Nul Gigi à la clé de treize et pourtant. Sur un marché aux puces quelque chose comme ça — dans ses mains elle tient une trompette à palettes et c’est du cuivre à souffler des rêves — cinquante euros tope là on l’emmène. Puis les routes reprennent.