Alors lire

Nous nous déplaçons.

Nous nous déplaçons parfois quotidiennement.

Je ne sais pas si on peut dire que nous avons entamé une période nomade.

J’ai besoin de penser ces mots.¹

Il y a des périodes ainsi.

Puis nous nous arrêtons : quelques jours dans une ville — au bord d’un fleuve — quelques semaines dans un village.

Le mouvement reprendra.

Notre corps est dans ce mouvement.

Nous avons la tête dans ce mouvement.

Quasiement aucune difficulté à repérer mes objets — les ranger — les retrouver — c’est pourtant en d’autres circonstances habituellement un vrai défi.

Alors lire : je lis sur le Mac le web — des sites — de l’information — des livres — je lis beaucoup directement sur l’écran de la machine qui me permet d’écrire et très exactement pour cette raison même que le passage de lire à écrire est simple et rapide — et relève finalement sans doute de la même instance.

Alors lire : je lis sur l’iPod — peu importe son âge et la résolution aberrante (au sens essentiel : qui s’écarte — qui erre) — c’est lire qui secoue — donc des livres et du web — de l’analyse de l’information - applications dédiées.

Alors lire : je lis sur une liseuse Kobo Touch — des livres au format ePub — des livres au format PDF — des articles - rarement un tutoriel (comment réaliser correctement des noeuds par exemple — ou bien encore construire un réchaud à alcool DIY).

La solidité de la machine est primordiale (renvoyé quasiment au début de notre trajet un Cybook dont les nappes étaient déconnectées — ayant par la suite provoqué la détérioration de la carte mère).

Avant un trajet — avant un départ — lorsqu’on s’apprête à quitter déjà une chambre — un bivouac — je relie le câble de la liseuse à l’ordinateur — j’y envoie des mots.²

L’autonomie est primordiale : nous errons parfois dans des contrées où trouver une prise électrique demande du temps — de l’argent aussi parfois.

Lire déclenche le reste.

Je veux dire : lire précède écrire.

Il n’y aurait pas d’écrire possible sans lire.

De Michel Chaillou ce souvenir : l’écriture est une conséquence de la lecture. Moins je lis — moins j’écris.

Tout lire.

Dans toutes les directions.

Lire les blogs est plus complexe pour notre nomadisme numérique.

Passer beaucoup de temps à lire le web dès qu’une connexion se présente — ouvrir des dizaines d’onglets dans le navigateur avant de quitter un point d’accès — enregistrer une page au format PDF — télécharger le journal dans une application — ouvrir Vienna et engranger les flux (de l’intérêt de fournir le contenu complet d’un article dans un flux - plutôt que les premières lignes) — je lis beaucoup directement dans l’agrégateur de flux.

Et puis lire partout — sur le vélo en attendant quelques minutes parfois — dans l’herbe allongé là lors de la pause du midi — au matin au réveil quand la bouche ne tient rien qui vaille — après la journée de soleil — en attendant la fin d’une pluie — lorsque le corps s’allonge et tient encore pour quelques dizaines de pages — ou bien deux heures de lecture au soir.

Signe à comprendre : c’est à la relecture que j’ai finalement repensé au seul livre qui a traversé le continent sur le vélo — je porte un livre de Daniel Biga : Alimentation Générale — car Biga m’est essentiel et achat au dernier moment dans une librairie inconnue — mais c’est sans compter comme j’aimerais disposer de tout Biga dans mes machines.

Photographier : il faudra y revenir — je photographie plus facilement un livre ou l’écran de mon ordinateur qu’une liseuse.

1. Mahigan Lepage  : « Except that, in my opinion, nomadism is a way to inhabit the world, while mobility is a way to inhabit the city. Nomadism implies moving from one territory to another, while one can be mobile in a single territory. » ↩︎
2. Edit : une seconde liseuse hors-service, la marque (K.) ne daigne pas même reprendre le matériel encore sous garantie, ni ne propose la possibilité d’une réparation. Le service Bookeen était de bien meilleur qualité. Mais tout de même passé à l’iPad mini. ↩︎