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journal permanent | 16 novembre 2014

dimanche 16 novembre 2014, par sebmenard

Jean-Pascal Dubost : Nouveau Fratrassier et Sur le métier

Dans la partie “Mangerie (brouèmes manducatoirs)”

LES LÉGUMES
Le chou-fleur, cru dans une cause de câpres et d’olives vertes et de têtes d’asperges encore chaudes et d’un jaune d’oeuf, d’une bonne foison de sucre, et de vinaigre rosat et d’huile, ne déshonore aucun palais, on a fait délectation de fèves cuites puis frites aux petits oignons puis frites encore accompagnées d’herbes et de pâté de phoque, ou, variante, de poudrage, il est regrettable qu’aient disparu de nos plaisirs les salades d’arroche et de mauve auxquelles se mêlent des tranchées de brochet, ou la simple étouffée de pois, carottes, lardons, oignons, avec un mouillement constitué de bouillon de boeuf et qu’on arrose in fine de calvados, mais il faut l’imagination de l’artiste (l’histoire de la cuisine est de couture avec l’histoire de nos imaginations) et la disponibilité d’une journée pour recevoir de telles inventions potagères, une salade d’épinards au simple jus de citron mais dans la visite d’une foule de rollmops et de sardines et d’anchois, de gelée de coing, à faire grimacer les dents tiédasses comme la soupe aux piments rouges, tomates, aulx, et safranée, dite “soupe au feu végétal” laquelle ne torturera personne qui se dispose aux transports gustuels et c’est convenable en hiver, la gent potagère est une foule qui se mélange sans aucun cas des couleurs ou des origines, il n’est qu’avoir eu le passage dans sa bouche de l’inestimable “potage des cinq continents” —

Dans la partie “Sus scrofa solitaire” :

Tout était parti de là, ta petite soeur et toi marchant dans un chemin ta peur en reconnaissant de loin cette masse effrayante et pressée déboulant d’un champ, votre peur, ensuite en racontant que vous aviez vu quoi, un cendrier, un gros cendrier, un presque monstre (S’EN FAUT DE PEU) —

D’un fait divers personnel, des paronomases involontaires surgissent qui déboulent d’un champ de paronymes en masse effrayante et hâtive et boulante qui, au centre d’un halo de haletante haleine*, peut aller jusque s’allaiterai au frontières floues d’une transformation d’un sanglier en cendrier —

Sur le métier — à propos de journal :

L’écriture du carnet est la face cachée de l’iceberg, intérieure, le jardin secret, la forêt derrière l’arbre, l’immersion brouillonne dans le brouillon préparatoire, le versant non littéraire de l’activité permanente d’écrire et une totalité inintéressante pour le lecteur ; cependant une pratique addictives. Noircir des carnets ad arbitrum génère le sentiment d’une autre vie, intense. Dans les années 1990, découvrir la compulsion d’écrire et de vivre (de “survécrire”) de Jack Kerouac exerça une définitive fascination : ”Remplis des parents secrets et tape à la machine des pages frénétiques, pour ta seule joie.”

Voilà.