Nous étions partis chercher le poème — chercher la route — chercher le jour — chercher les pluies l’image et le récit — chercher l’affonnement — chercher l’appuiement — la dinguerie — les shops néons bleus dans le noir — et les herbes hautes soufflées par le vent chaud. Nous étions partis chercher les bêtes — chercher notre héros un asphalte et des liquides — chercher des ombres — des rocs et des mers — nous étions partis chercher le nom des vents — celui des Hommes — et notre respiration. Nous étions partis (...)
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notre Est lointain
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Looser magnifique
8 décembre 2015, par sebmenard -
Frottez-vous
6 décembre 2015, par sebmenardFrottez-vous.
On avait lancé ce truc en le reprenant de la bouche de quelqu’un d’autre. Ce que nous faisions ce jour-là : on soulevait la nuit.
Et nous répétions ces mots : frottez-vous. Il me semble que c’était une sorte de nécessité absolu : de la tendresse et des corps.
Nous fêtions peut-être l’hiver — peut-être nos rêves et le désir d’être là — ensemble.
Alors l’un d’entre nous — était-ce bien l’un d’entre nous — passait des sons depuis sa machine à passer des sons — et toute la pièce sentait la sueur — (...) -
Petite histoire de panetone et de carton
4 décembre 2015, par sebmenardUn jour — dans un appartement d’un quartier populaire de la capitale — quelqu’un dit qu’il avait voulu rouler vers l’ouest.
Il avait donné son nom — une photocopie de son passeport — un relevé d’identité bancaire et ses disponibilités à celui qui s’occupait de ce genre de choses.
L’affaire fut vite réglée : quelques semaines après - il partait vers l’ouest en voiture.
Il a passé deux mois à mettre des panetones en carton.
Il avait vu l’ouest.
Et il est rentré.
En bas entre les immeubles de ce quartier (...) -
Stabulation
3 décembre 2015, par sebmenardOn avait fini par se rendre à cette fête dans une stabulation et c’était déjà assez dingue comme ça.
On avait du s’organiser et désigner le rôle de chacun — en particulier celui qui allait conduire le bolide — celui qui allait raconter des histoires — ceux qui n’écouteraient plus rien — celui qui passerait le son — celui qui serait charger de prendre des notes.
L’histoire se déroule dans une ferme et ils y font un fromage délicieux et doux — un fromage qui n’a rien à voir avec le fromage de l’est.
Et donc (...) -
Une cabane un camion
1er décembre 2015, par sebmenardOn venait tout juste de partir vers l’est. On entamait encore les premières centaines de kilomètres. C’était le début. C’était le début de notre grande quête du héros intime et magnifique. Elle allait se transformer en une apparition drôle et dingue — celle du looser des temps modernes et de nos désirs.
Au téléphone il finit par dire qu’il serait temps : l’un d’entre nous achète un terrain - un morceau de terre et caché. Des arbres autour — un bois par exemple — il dit c’est encore mieux un bois — simplement (...) -
À l’est
25 novembre 2015, par sebmenardÇa avait commencé comme ça :
À Nantes les mecs se plantent pour des plaques à l’arrêt de tram et les jeunes bourgeois regardent la nuit de leur fenêtre
Et puis ça continuait :
ma gueule
il est dix heures du mat pas dormi
tu es là et c’est bien
je suis là
je n’ai pas été là
pas toujours été là
mais dans le fond tu es toujours là
je veux le dire
peut-être mal
à la mauvaise heure
big up
ma gueule
Je ne sais pas ce que les milliers de kilomètres changent à la tendresse de nos mots — il faut (...) -
L’arrivée des bêtes
24 novembre 2015, par sebmenardC’était un soir d’automne dans un village et au creux des collines transylvaines. Le temps c’était celui des soirs d’automnes sans pluie mais du vent du gris — et tout finit par s’embraser jaune orange des feux. Les gosses avaient déjà leurs bonnets leurs têtes de l’hiver qu’ils attendent impatients — la neige bientôt peut-être.
Un tracteur passe.
Une bagnole.
Pas plus.
Il faut bien sentir ça : un tracteur passe — une bagnole.
Devant les maisons — certaines sont des ruines — ils sont là qui attendent (...) -
Je suis un fragment
22 novembre 2015, par sebmenardJe suis un fragment.
Je suis un fragment des routes et de l’est — une poussière.
Je suis un fragment une ombre parfois pluie — des herbes cambrées couchées dans le jaune ocre.
Je suis un fragment.
Souvenir.
Morceau.
Un peu du réel et nos fictions.
Je suis un fragment.
Tout est fragment.
Mes mots des fragments.
Tous ici.
Pareils.
Je suis un fragment des villes de l’est — un morceau d’asphalte une pierre un caillou des pistes et des bêtes — je suis un fragment des rires et des voix — un (...) -
Ob-la-di Ob-la-da dans les haut-parleurs d’un village slovaque
16 novembre 2015, par sebmenardAu sud de la Slovaquie on cherchait notre route comme ça arrive souvent à ceux qui prennent la route — il y avait le vent de l’est et de temps à autre une bagnole pour passer — quelques types dans leur jardin — des chiens à demi endormis — des ombres et des sacs plastiques.
On a fini par repérer dans la poussière deux traces fraîches — je veux dire — deux traces encore visibles et sans doute qu’en les suivant on y arriverait (en réalité on allait traverser des vents — des pistes usées — des asphaltes (...) -
C. & O.
11 novembre 2015, par sebmenardCe qui me rassure le plus c’est qu’on n’est loin d’être les seuls à traverser le continent d’ouest en est. D’ailleurs — je suis persuadé qu’il y en a assez pour le traverser du nord au sud par exemple. Et c’est sans compter ceux qui ne tiennent pas des caps dans le genre — ils ont sans doute raison. On ne parle pas assez d’eux.
C. et O. ont fini par acheter deux vélos à vingt balles pièce sur une brocante et alors ils foncent vers l’est. Ils ont l’habitude des grandes traversées intérieures et se (...)