« (sans date)
Le matin, avec les bruits d’arrosage sur les terrasses, celui du ferrailleur-récupérateur ambulant qui tourne avec son camion. Message enregistré diffusé par un mégaphone, il prend tout, débarrasse les cours, les terrasses, les terrains (sauf erreur, on ne mentionne pas les caves) ; la voix monte et descend sur quatre notes et je reconnais la mélodie entendue au siècle dernier du maraîcher passant avec sa carriole, son âne, ses pastèques. Plus tard, nous le voyons repasser dans la rue, (...)
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La réserve
L’indescriptible et pur plaisir de partager des textes.
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Cosnay, Marie et Gondicas, Myrto | Ces nuits sont à toi, Alexis
4 juillet 2016, par sebmenard -
Vinau, Thomas | Bleu de travail
15 juin 2016, par sebmenardUne luciole
« Un wagon de lucioles s’est arrêté dans le jardin pour grignoter le crépuscule. Il ne faisait pas encore tout à fait nuit. Je t’ai dit, tu veux voir les lucioles ? Tu es venue pour me faire plaisir. Tu avais froid et tu étais pieds nus. Le voisin débile étaint en train de couper une branche, comme d’habitude. Tu grelottais et le vent remuait tes cheveux. La nuit faisait de grandes enjambées dans les branches des arbres. Tu m’as dit, c’était bien hier soir quand on s’est relevés pour (...) -
Vinau, Thomas & Lovy, René | p(H)ommes de terre
13 juin 2016, par sebmenardLe jour
burin
de rien
Nos racines
tuberculent
ce qui de nuit en nous
*
Nous sommes complices
nous sommes la boue
nous sommes la viande
nous sommes la nuit
nous sommes la vie
Nos douleurs se font des clins d’œil
*
T’arrache ma gueule
avec tes yeux
Je te burine
à la tendresse
T’en restes coi
Qu’est-ce qui t’en reste ?
Vinau, Thomas, et Lovy, René, p(H)ommes de terre, 2015, la Boucherie littéraire.
chaque texte accompagné de sa pomme de terre
chaque pomme de terre accompagnée de (...) -
Alexievitch, Svetlana | La supplication
25 mars 2016, par sebmenard« (…)Soudain, nous avons éprouvé un sentiment nouveau, inhabituel : chacun de nous avait une vie propre. Jusque-là, nous n’en avions pas besoin. Chacun a commencé à s’interroger à chaque instant sur ce qu’il mangeait, ce qu’il donnait à manger aux enfants, ce qui était dangereux pour la santé et ce qui ne l’était pas... Et il devait prendre ses décisions personnellement. Nous n’étions pas habitués à vivre ainsi, mais avec tout le village, toute la communauté, toute l’usine, tout le kolkhoze. Nous étions des (...)
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Volodine, Antoine | Le nom des singes
13 janvier 2016, par sebmenardNous étions assis. Derrière nous la forêt se dressait hostile. Après quelques temps Gutturiez redémarra son numéro de marmonnage, cataloguant les palmes de la toitures puis nommant par parquet de quinze les palmiers en général, qu’ils fussent ou non présents au-dessus de nous. Le purumã, marmonnait-il, l’ucuriaguaçú, le jassytara, la putauá, l’açai dont les fruits sont pressables et donnent une boisson rafraîchissante, du moins quand on peut la servir fraîche, c’est-à-dire jamais, le batantám à noix ures, (...)
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Volodine, Antoine | Terminus radieux
12 janvier 2016, par sebmenardCiel. Silence. Herbes qui ondulent. Bruit des herbes. Bruit de froissement des herbes. Murmure de la mauvegarde, de la chougda, de la marche-sept-lieues, de l’épernielle, de la vieille-captive, de la saquebrille, de la lucemingotte, de la vite-saignée, de la sainte-valiyane, de la valiyane-bec-de-lièvre, de la sottefraise, de l’iglitsa. Crissements de l’odilie-des-foins, de la grande-odilie, de la chauvegrille, ou calvegrillette. Sifflement monotone de la caracolaire-des-ruines. Les herbes (...)
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Brautigan, Richard | Please plant this book
29 mars 2014, par sebmenardSquash
The time is right tom mix sentences with dirt and the sun with punctuation and the rain with verbs, and for worms to pass through question marks, and the stars to shine down on budding nouns, and the due to form on paragraphs.
Pâtisson
C’est l’occasion rêvée de mélanger les phrases à la terre et le soleil à la ponctuation et la pluie aux verbes, et pour que les vers traversent les points d’interrogation, et les étoiles brillent sur les noms qui bourgeonnent, et la rosée se dépose sur les (...) -
Michaux, Henri | Poteaux d’angle
9 mars 2014, par sebmenardN’apprends qu’avec réserve.
Toute une vie ne suffit pas pour désapprendre, ce que naïf, soumis, tu t’es laissé mettre dans la tête — innocent ! — sans songer aux conséquences.
(…)
Non, non, pas acquérir. Voyager pour t’appauvrir. Voilà ce dont tu as besoin.
(…)
Va jusqu’au bout de tes erreurs, au moins de quelques unes, de façon à en bien pouvoir observer le type. Sinon, t’arrêtant à mi-chemin, tu iras toujours aveuglément reprenant le même genre d’erreurs, de bout en bout de ta vie, ce que certains (...) -
Autin-Grenier, Pierre | Les radis bleus
3 mars 2014, par sebmenardMardi 8 février
Sainte Jacqueline
Écrire tout comme planter un arbre, c’est faire le long apprentissage de la patience.
Retour de la ville, on retrouve les chers mots inutiles, rangés par ordre dans le dictionnaire, pareils ces chemins fastidieux qu’alentour trace sans cesse la campagne pour ne mener nulle part.
On n’invente rien. On voudrait dire seulement le monde plus bleu. Croire encore à des petits coins chauds au creux de décembre. Espérer en ce peu de sucre qui reste toujours au fond de (...) -
Stasiuk, Andrzej | Sur la route de Babadag
27 février 2014, par sebmenard« (…) Couverts de poux et joyeux, nous devrions accepter la compagnie des animaux, nous accroupir à leur côté pendant des milliers d’années encore, respirer l’odeur de l’étable plutôt que celle des laboratoires, mourir de maladies plutôt que de médicaments, tourner autour de notre vacuité et nous y enfoncer en douceur1 ».
Tout la journée, il a soufflé un vent du sud. Sous un brillant ciel bleu clair, une lumière sèche traçait des contours noirs autour des choses. Par de telles journées, le monde est aussi (...)