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journal permanent | 17 février 2023

vendredi 17 février 2023, par sebmenard

 « La paix du monde sauvage

Quand le désespoir pour le monde monte en moi
et que je m’éveille la nuit au moindre bruit
en craignant ce qui peut arriver à ma vie, à celle de mes enfants,
je vais m’étendre là où le canard des bois
repose en sa beauté sur l’eau, là où le grand héron va se nourrir.
J’entre dans la paix du monde sauvage
qui n’accable pas sa vie du poids de la douleur
à venir. J’entre dans la présence de l’eau immobile.
Et je sens au-dessus de moi, aveugles de jour, les astres
attendant de dispenser leur lumière. Un instant
je repose dans la grâce du monde et je suis libre. »
Wendell Berry, Nul lieu n’est meilleur que le monde, traduction de Claude Dandréa.

 « Août 1965

Fougères

Fougères
comme aux endroits où j'allais enfant.
Un chien aboie.
Les trembles sont pareils.
Ils bruissent comme la pluie, comme l'eau.
Je suppose que la mère de ma mère trouvait des primevères.
Depuis combien de siècles, les femmes de ma lignée
viennent chercher du réconfort dans les bois ?
Telle femme s’est enfuie,
son mari ou son amant s’en est allé avec une autre,
a eu des enfants.
En s’ouvrant, les châtaignes font un bruit sec.
J’y trouve du réconfort.

Ne trouvant pas le sommeil,
je suis montée jusqu’au bois.
Un arbre qui pousse, ça vaut un homme,
la terre est humaine.
Dans l’odeur humide, parmi les feuilles de l’automne
je m’allonge et je m’endors. »
Jean Paira-Pemberton, Ma terre ensemencée, traduction de Catherine Piron-Paira.