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journal permanent | 18 mai 2022

mercredi 18 mai 2022, par sebmenard

lu et relu Valérie Rouzeau


à l’abri : comme les bêtes tournent autour de l’inconnu — par curiosité, et par instinct — nous tournons autour de Babadag et les vents balaient la poussière les graminées jaunes — le soir, ça sent le feu, le plastique chaud, la friture et le bois vert.

voir Fado, de Stasiuk.


à l’abri : rien de plus fragile que la fragilité à laquelle tout conduit (Bouvier) sinon grosse journée à fendre classer ranger bûcher — bûcher le bois d’abord — rien de plus fragile prépare lentement foyer brindilles papier petit bois fragilité — allumer un feu d’un coup l’allumette et souffler — souffler — regarder — regarder fragillité le feu prendre manger bois tendrement donner du bois la flamme lécher le bois et attendre tout conduit là dans le chauffe et faire monter l’écoute l’autre chose écouter toute la nuit toute entière le bois brûler dans le chauffe le bazar de nos nuits tenir le feu — de toutes choses rien de plus fragile.


à l’abri : nul signaux pourtant — eux nus sous la pluie sont des braises aussi.


à l’abri : qui pense à construire un tipi en regardant la forme d’un arbre ?


à l’abri : mais les mots ne disent rien — ils se taisent dans un silence inommable — ils braillent — ils braillent aphones — les mots sont un réseau d’abri bus dans la pleine désolée des lointains — ils rouillent — les mots sinon sont tiges des graminées couchées par le vent et c’est bien connu : ils plient, ils sèchent et grainent et doutent — ils doutent tellement — ils doutent tout le temps — ils compostent — ils compostent le néant et l’ainsi et tout s’embrase les mots ça fait du gros silence ma parole.


à l’abri : la pachamama tu l’appelles comme tu peux tu demandes — est-elle au plus profond de nos entrailles ? — vous l’aviez dit pourtant tout est dans tout et tout est là — le reste du temps nous traversons l’horizon forêts éventrées.


à l’abri : il faut imaginer homme femme caresser chien sur une colline et dans gros vent d’une plaine bientôt désert (et dans nos yeux le jaune et l’orange dansent avec le noir tu vois). (Eleni Sikelianos, graminées)