journal permanent | 10 novembre 2020

A. est loin. On ne triche pas. Il est sur son coteau. Je suis dans ma vallée (c’est une vallée). On attend. Je rumine cette discussion au sujet de l’écriture, de la musique. Pourquoi faire ça et comment le faire. Ce n’est pas comment au sens pratique, technique, mais plutôt : dans quelles dispositions, quelles vibrations ?

 « On n’écrit que par amour, toute écriture est une lettre d’amour : la Reel-littérature. On ne devrait mourir que par amour, et non d’une mort tragique. On ne devrait écrire que par cette mort, ou cesser d’écrire que par cet amour, ou continuer à écrire, les deux à la fois. Nous ne connaissons pas de livre d’amour plus important, plus insinuant, plus grandiose que les Souterrains de Kérouac. Il ne demande pas « qu’est-ce qu’écrire ? », parce qu’il en a toute la nécessité d’un autre choix qui fait l’écriture même, à condition que l’écriture à son tour soit déjà pour lui un autre devenir, ou vienne d’un autre devenir. »
Gille Deleuze et Claire Parnet, Dialogues, 1996.