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Biga, Daniel | Octobre, 2001 in. La Poévie de Daniel Biga

dimanche 16 juillet 2017, par sebmenard

 « Autrefois ils combattaient avec et contre la nature les lions ou les ours ou les loups ; nous sommes les lotoroutiers risquant notre vie entre deux vint-tonnes qui luttent et se doublent ; pêcheurs marins explorateurs corsaires ils naviguaient sur des mers dangereuses inconnues ; nous louvoyons entre les bagnoles écueils des villes tentacules ; ils chantaient et jouaient et dansaient eux ; nous écoutons nos CD sur nos chaines HI FI vautrés dans nos divans ; ils marchaient dans les prairies et les forêts : nous shoppinons ; ils célébraient dans leurs temples des offices ésotériques des rides érodticodouteux absorbant plantes et champignons hallucinogènes : nous célébrons nos cultes grand messe et sabbat Auchan Leclerc Mammouth et autre Carrefours Big Mac et Big Bouffe de l’obésité ; livrés qu’ils étaient aux magiciens de pouvoirs et aux sorciers inquiétants nous sommes à la merci de la chirurgie mécanique de la chimie de masse du clownage gène-étique de la pharmacopée industrielle des laboratoires multi-nationaux… ; ils se livraient à leurs dieux incertains dans des cérémonies étranges et qui nous restent étrangères : nous pratiquons les stades immenses hurlons dans les corbeilles des bourses internationales adulons Big Bull Brother et PPDA sur nos écrans comme ils adoraient Mammon et autres idoles icônes succubes stars ou guignols ; nous surfons sur Internet Méduse protéiforme et universelle… »

p. 107

 « Feuilletant avec quelque ennui un ancien Télérama voilà qu’un nom estimé m’apparaît : Mario Rigoni Stern. Aussitôt je plonge dans les trois pages que Martine L. lui consacre. Voilà un homme qui me convient : droit clair comme son écriture. Tous ses livres j’ai lu. Pas le moindre séparation entre la vie et l’œuvre pas un interstice pas l’épaisseur d’un ongle. La rare présence d’un juste m’émeut toujours. Je pense au Sergent dans la neige à ce vieux guerrier malgré lui aujourd’hui dans ses montagnes perdues retrouvées. Au proche hiver. Nous serons nous dans nos montagnes si pareilles dissemblables d’Amirat. Peut-être l’attente de la même neige à gros flocons nous fera espérer dire : “Peut-être cette nuit !“ Merci chez Mario Rigoni Stern pour vos livres de fêtes grâces légères. »

p. 109


Biga, Daniel, 2005, Octobre, 2001 in. La Poévie de Daniel Biga textes réunis par Christian Bulting, éditions Gros Textes.