Morali, Laure | La terre, cet animal

 « Je viens de le rencontrer
dans ce café
de San Cristobal de las Casas
je lui confie

Fransisco
ce dernier printemps
en Bretagne
j’ai rêvé qu’un jaguar noir
voulait me mordre
au cou

Fransisco m’interrompt
me montre la cicatrice
ronde dans son cou
que la mâchoire
d’un jeune jaguar noir
lui a laissé dans la forêt
lacandone
jaguar qu’il étouffa
de ses mains

un frisson me parcourt
quand Fransisco
Alvarez le poète
me dit

ton rêve signifie
que tu dois vivre
ici »

p. 28

 « Il neige sur Santa-Fe
les cow-boys vendent
les bijoux des indiens

Cerrillos road
le vent fait tourner
à travers mon souffle
les flocons
des grands désirs

entre la station-service
et l’agence de location
de voitures, j’attends
encore celui
qui me ramènera
autour d’une pierre

qui sera la nôtre
au bout de la route
et des vents bleus »

p.41

 « Nous vivons dans le rêve
du sable et de l’aube

le regard lavé
par le soleil
et par la pluie

le vent levait
les yeux du corbeau

la lumière
ouvre la nuit
par nos remerciements
au soleil, les chants
pollent souhaits papillons
échos éclats
des rivières
se lever
pour se tenir
face à l’aube
est un acte sacré »

p.49

 « (…)
animal de la tierra
animal del agua
Titicaca est rocher
puma rouge
l’œil la gueule
ouverts vers Cuzco
el centro del Imperio
de los Cuatro Horizontes
Tahuantinsuyu
(…) »

p.25

Morali, Laure, 2004, La terre cet animal, La Part commune.