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Traité des poussières | 14

mercredi 31 août 2016, par sebmenard

C’était un été il y a une dizaine d’années. Les recherches préliminaires à ce traité des poussières m’avaient conduit vers d’autres continents. J’avais parcouru des asphaltes et traversé des frontières. En ce temps-là, les barrières n’étaient pas si hautes. Et nous comme poussières nous les traversions. J’avais déjà récolté différents échantillons. Mon sac était plein. Mais j’avais entendu parler des nuages de poussières dans le désert. Alors nous avions pris un taxi pour le désert. C’était une grande berline américaine qui filait sur le bitume. Elle soulevait elle-même des quantités de poussière. Notre chauffeur avait bien compris. Il nous avait conduit vers le lieu des poussières. Deux heures de route avaient suffi : d’un doigt il nous signalait les colonnes de poussière au loin. Elles s’élevaient. Jaunes. Brunes. Ocres. Belles et rapides. Nous avions discuté d’un prix pour atteindre le lieu des poussières. On était prêts à tout. Nous voulions désormais poursuivre les colonnes de poussières. Notre chauffeur avait tenté de nous en dissuader. On ne suit pas les poussières. Elles viennent à nous. La voiture a roulé des heures derrière les colonnes qui filaient à l’horizon. Nous n’avons jamais atteint le lieu des poussières. Nos peaux s’étaient couvertes de sueurs et de crasses. Et nous avions dépensé tout notre argent.