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quitter les villes | notes préparatoires
samedi 23 juillet 2016, par
fichier de travail — prises de notes — en évolution et mises à jour irrégulières
quitter Athènes
(nous avons quitté Athènes en voiture nous avons quitté Athènes en bateau — du Pirée défilent les ports les grues et les conteneurs — les cargos les remorqueurs les ferryboats les traversiers les pétroliers — une radio sur le pont — une dizaine de scooters - les têtes toutes qui filent sur l’asphalte et dans la poussière au Pirée — la station de métro du Pirée terminus — le stade juste avant les dizaines ou centaines de tentes posées sur les quais — des réfugiés là ils attendent tu les vois — un gosse l’un d’entre eux se jette à l’eau d’un coup d’un seul ils sont derrière tous une dizaine d’enfants courent vers le quai autour — lui nagent et rit — tu imagines qu’il rit — et tout autour tourne et continue sans fin semble-t-il ce n’est qu’apparence).
se souvenir peut-être — deux fois — trois fois plutôt : la ligne de métro qui roule nord-est (vers Marathon ensuite) — ou bien vers le Pirée puis Égine — ou bien vers où vers l’ouest — en bateau à nouveau — cette petite île c’est une île — les flottes bleu bleu
les larges routes et le prix du café (encore aussi : des fruits et des tags)
ce serait l’histoire de IM à Farakla (de là tu pars — tes notes à complèter)
quitter Thessalonique
il y avait ce truc d’avoir une carte digitale
ça pourrait aider une carte digitale
comme il faut s’y préparer tout de même : repérer à l’avancer — chercher le nom des rues — vérifier des altitudes (autour de Thessalonique et en allant vers le sud-ouest tout va bien)
ce que tu ne sais pas : les habitations — les industries — les routes parfois chemin
(à un moment on arrive dans un quartier c’est lamentable c’est la désolation on dit et en même temps — tout le monde sourit tout le monde à l’air si surpris — mais les tables renversées les chaises usées le bar plein et rien sur les tables un type qui met sa main devant la bouche un geste pour dire qu’il a faim — les poubelles pas (plus ?) ramassées — les bagnoles rouillées crevées — les baraques en mauvais état — c’est toi qui le dit - les bagnoles quand même ou des gosses pour pédaler à côté de toi — des chiens ils ont l’air malade enfin nous on file) (c’est l’air qui est malade ou ce sont les chiens ?)
puis la route entre les asphaltes en construction — les poussières — les files de bagnoles à l’attente — vent de face — les centres de nettoyage les champs de plastique — les rails abandonnés — il y a aussi une gare routière entourée de routes à grandes vitesse et nous on tente de traverser — il y a encore des files de taxi à côté de la gare routière des trucs comme ça
des poussières jaune jaune
des trucs secs
des stations essence (beaucoup)
des panneaux (pas à jour)
des scooter des mobylettes
puis la route file droit c’est une sorte de delta
l’autoroute d’un côté — les champs de l’autre — de temps à autre un pont pour traverser un ruisseau (trois hommes repeignent l’un d’entre eux — mais sert-il encore) — et puis enfin l’impossibilité de traverser une rivière plus large — où est le pont — quelqu’un dit ce n’est pas possible de répondre à la question (ils ne quittent pas souvent le village)
quitter Bucarest
repartir à l’envers
refaire le fil à l’envers le fil de l’histoire je veux dire
depuis Pantelimon non depuis le centre vers Pantelimon — puis le périphérique (l’histoire interminable du périphérique de Bucarest) — puis encore plus vers le sud-est toujours en fait
le périphérique comme un labyrinthe
le chauffeur de camion il t’aurait tué s’il avait pu
les bagnoles en file
les phares
les moteurs
les chiens morts crevés là pourries leurs peaux sont pourries au soleil
des cris tu gueulerais contre les bagnoles
ça pourrait être un pic (est-ce que tu sais seulement ce que ça veutdire)
bon et ensuite arriver vite vite dans la campagne — parce que c’est ça là-bas — donc qu’on croise vite une vache — un troupeau — que ça sente les fientes et les trucs qui brûlent — qu’il y ait des charrettes (pas oublier : les panneaux « interdit aux charrettes)
(par exemple la folie musicale et de viande de P. et A. — leurs vélos de routes vers l’ouest — un sac sur le dos et puis c’est marre — des cheveux longs qu’on couperait un jour — un plat idéal qui serait « de la viande avec de la viande » (mais tu ne manges plus de viande : pourquoi garder ce réel ?) — des sons un amplificateurs à lampe — les rues de Bucarest les chiens errants et les charettes (si seulement les charettes pouvaient revenir dans les rues de Bucarest)
quitter Vienne
Prendre un chemin — longer un fleuve (une baignade nue par exemple) — ou bien encore trois personnes pour venir indiquer quoi — on cherche un robinet de flotte — on croise des vélos des coureurs et des ponts — la chaleur (le prix du café à Vienne) — les petites rues se perdre — ou les bars de nuit immondes le jour - et puis quitter Vienne on arrive à Bratislava en fait
un break
quitter Bratislava
par ce chemin qui mène à la fête trans’
ou à travers le béton
raconter les deux
tout mélanger
mais ce chemin vers la teuf c’était ça
la pluie aussi
les sons
dire ce monde
(penser au miel à l’histoire du miel et de l’apiculteur — ce mot en anglais c’est bee-keeper)
donc il y a aussi : des camions des fourgons des types qui chargent des fourgons — des femmes elles dansent des hommes aussi — la pluie à peine non presque pas — un chill-out (avec pancarte chill-out) et des canapés — des sandwichs au fromage par exemple un robinet d’eau potable dit-on — arrivés trop tart une scène repliée — un chemin et des corps le torse-nu.
d’autres choses : des restaurants abandonnés des maisons en ruine des tags immenses des arrêts de bus des canaux — des tuyauteries des piliers en béton des arbres et des moustiques —
ne rien oublier
(après les eaux immenses du Danube — pour la première fois)
quitter Besançon
il y a ce chemin qui longe la rivière (quelqu’un offrirait un verre peut—être) — et puis il y a la colline à côté — on dirait Montfaucon et puis voilà (encore : traverser la ville en tramway ça se fait — du centre commercial d’un côté au centre commercial de l’autre) (pourquoi faire ça) (un vélo dedans ou bien)
et puis une cabane
un terrain pour un feu
une forge improvisée
des histoires de loup et de chamois
des légumes
surtout ça
ce serait l’histoire d’A. et sa copine vers sa colline aux légumes et fleurs
quitter Passau
la couleur des eaux (les trois fleuves qui se mélangent à Passau sont le Danube l’Inn et l’Ilz)
en quittant Passau il y a cette route large vers l’est — au plus proche du fleuve (puis il arrive de passer la frontière sans même s’en apercevoir)
un break
quitter Constanta
quitter Constanta (changer des tunes à Constanta — se faire offrir des cafés à Constanta — dormir dans le pire hôtel de Constanta — poussières — le goût du petit déjeuner — l’eau crasse — insectes — quelques familles venues jouer en dessous — ça)
il faut trouver la piste : quitter Constanta un jour d’orage ? — quitter Constanta pour les plaines du sud ? (ça pourrait être ça) — quitter Constanta dans le vieux bus fou chargé de béton ? (ça dingue) — quitter Constanta vers l’est encore ? vers Babadag ? vers les montagnes ?
rouler plein ouest
une grande route
large
des bagnoles et des trucks qui filent
des trucks de chimie
et d’autres trucs des trucks de trucs
arriver dans des dépotoirs
traverser des maisons ruines et terres (des gosses jouent devant)
(au supermarché trois gosses jouent à se parier des pièces sur l’asphalte tu as beau essayer tu n’y comprends rien à leur jeu)
retrouver les plaines (derrière c’est la mer)
entendre un train
le nombre de supermarchés c’est combien (les gas-stations)
un bateau posé au bord de l’asphalte
des panneaux publicitaires (géants)
quitter Varna
une réparation dans un atelier vélo (des auto-collants et des conseils de cyclistes) — une source d’eau très minéral — et puis rouler vers les collines.
tu ne connais personne à Varna
quitter Skopje
le 15 avril je note :
quitter Skopje — traverser la ville — depuis le coin où nous avons dormi puis traverser les boulevards — panneaux publicitaires — bus rouges à deux étages Hitong je crois que c’est leur nom — la place centrale les dizaines de statues tout ça tout alentour on dirait du carton en fait — de faux radeaux pour quels lieux de restauration immondes — les gens dans le centre — le bitume enfoncé (je veux dire : ramolli sous le poids des camions des bus) — à un moment un type en scooter arrive il lâche sa machine sur un trottoir et il court sur l’asphalte — d’un geste de la main il stoppe des bagnoles et récupère là — au milieu — quelque chose smartphone peut-être — ne pas oublier encore : les étudiants vers ce lieu d’étude vers le sud-est sans doute (certains rient mais pourquoi) — les trottoirs défoncés les mini-market (ou le green market c’était sur ce grand boulevard au début) — voilà puis ensuite traverser l’autoroute et faire route vers le nord-est — suivre les mosquées par exemple et sentir le gasoil des bagnoles — ceux qui te passent tout proche ceux qui klaxonnent — les bêtes mortes charognes ou la côte altitude côte à 500 mètres à la décharge en haut (un gars dans sa bagnole percute un jeune chiot) (au loin les sommets enneigés) — c’est la route de Koumanovo en fait ne pas oublier ne rien oublier.
le 13 avril :
La descente depuis le point le plus haut (c’était combien ?) — mais ça pourrait terminer là — à la source sous le pont quelqu’un dit que là sont les meilleures eaux — l’asphalte défoncée de la piste sur combien de bornes (ou alors penser à aller jusqu’au lac où nous avons dormi la veille en fait) — puis comme la vie de plus en plus s’organise autour de la route — le fleuve avec les pêcheurs - le vent pleine face encore - les trucs pour changer les pneus de bagnole — les petits shops — le robinet de flotte dans ce bled ou une jeep de militaire vient faire les réserves d’eau potable — les bus à étage — les bus sans étage la poussière — les gens de plus en plus les scooter les trucs à trois ou quatre routes pour tirer des ferrailles
quitter Belgrade
et si c’était le retour de l’homme à la casquette B.G.D. (aperçu dans notre Est lointain) : son récit confus vers quels coins libres parce qu’inhabité ?
quitter Istanbul
on ne quitte pas Istanbul (on y entre on y reste ce serait un « piège »)
quitter Sofia
(paysages vus du train)
(ou alors S. qui vendait tout ses meubles ses affaires une à une sa maison sa voiture son entreprise pour traverser le monde)
où il est aussi question du béton de Sofia
quitter Cracovie
donc une fois plein nord
une autre fois plein sud
plein sud c’est plus chaud mais plus excitant aussi : plus loin ce sont les montagnes par exemple
partir là-dessus
des ponts en béton des rails hors-service des rues dévastées délaissées — des asphaltes éventrés — des types qui marchent entre les briques — des bus avec des drapeaux blanc/rouge — des burgers vegan (forcément — faut les mettre là) — des briques - un fleuve — des bières à deux zlotis - des bières à douze zlotis — des cafés idem — des trucs comme ça — des chevaux blancs avec costume rouge (des costumes pour chevaux) (au matin quand tu quittes la ville les chevaux entrent la ville comme pour quoi — là ne ramassent pas le crottin mais laisse plutôt sur l’asphalte) (Fukuoka précise que le crottin n’est pas nécessaire à la fertilisation) — des kebabs vegans — des touristes en file non pas indienne mais debout comme sont assis dans le bus — des supermarchés — des six voies en asphalte — des panneaux publicitaires — des terminus — des pistes cyclables qui terminent - des champs — des fumées — des cheminées — de grandes maisons.
entre les deux villes il y a aussi des choses comme ça :
Autre chose : des hangars en métal — ces lieux où tout transite — des dizaines de semi-remorques alentour — comme l’asphalte est arrangé pour ça — et puis tout droit — immense et large — garder ça pour quitter les villes.
quitter Varsovie
et alors dormir dans un bois
c’est ça aller se cacher dans les bois
genre traverser une ville comme fantôme (qui est fantôme : la ville ou les bêtes ?)
mais ceci : comme on approche les villes de l’est — comme elles sont entourées de quartiers bien propres et en plastique (vidéosurveillance — gardiens — bagnoles — chiens) — puis la ville — comme on la pénètre doucement (passer sous un avion — certains là à faire leur selfie devant l’avion) — comme on cherche une connexion un lieu — comme on cherche le nom des rues — puis filer vers d’autres lieux — avoir repéré un bois sur une carte — essuyer des pluies des orages — marcher dans la boue — lever une cabane entre des arbres — dormir là — sauvages.
quitter Moscou / quitter Riga
c’est l’histoire de B. & M.
mais peut-être qu’on ne garde que B.
enfin rien n’est sûr
ou alors on quitte deux fois
une échappée vers la Norvège par exemple
puis enfin quitter à nouveau pour Riga
et de Riga ne plus jamais quitter la ville
c’est un débordement alors
une fiole d’alcool et des pluies froides
des moustiques et des tiques
rouler et boire des cafés dans les gas stations
le 20 mai :
De quitter Riga et de cette histoire de Quitter les villes je pense à B. en fait et à Moscou — je ne sais pas — je ne sais pas si je peux écrire des lieux que je n’ai pas vus — parcourus — mais pour ce qui est du récit je crois que c’est là — ce sera là pour ça — et donc voilà — quitter Moscou et savoir pourquoi — ne plus vouloir y mettre les pieds (peut-être aussi un truc à vélo raide et vers la Norvège — puisque c’est ça la piste aussi) (je veux dire — se rappeler d’une fiole d’alcool et des pluies froides — du dumpster diving et tous ces trucs-là qui se sont dits et qui sont aussi très très réels).
autres notes
en fait ça doit être beaucoup (beaucoup ?) plus — ça doit être dingue — de la jouissance - de la libération c’est ça (aller vers les corps — aller vers la nourriture — aller vers la fête — aller vers les fleuves et des nages — aller vers les torrents — aller vers des champs (on y dort) — aller vers les plages (on s’y baigne) — aller vers quoi encore
chaque fragment peut tenir seul
pas oublier ça
chaque fragment est entier
tout le reste tout ça se construit très bien comme ça
prendre (à nouveau et encore plus) du large
sortir de la zone de confort ici ça voudrait dire quoi
les éléments se relieront entre eux sans problème
tout se tiendra car il s’agit d’un souffle voilà pourquoi
il y a des personnages — ils tiennent seul — parfois il n’y a rien
s’autoriser à mélanger et le réel et ce qui surgit — s’autoriser ton récit et le propre récit du récit — rappelle-toi chaque dinguerie profondément humaine
et tendre