diafragm

Accueil > Carnets | SebMénard > notre Est lointain > À un moment un type passe avec une veste elle brille dans la (...)

À un moment un type passe avec une veste elle brille dans la nuit

samedi 24 octobre 2015, par sebmenard

À un moment un type passe avec une veste elle brille dans la nuit — les lampadaires sont jaunes qui dessinent des ombres sur les murs et le froid tombe — je note :

 « les premières nuits fraîches de l’automne tiennent assez de rêves et d’attentes pour imaginer des courses dingues ».

En ce temps-là nous étions au pied des Carpates et les montagnes nous guettaient comme on dessine une ombre au nord de nos territoires — d’ailleurs nous n’avions rien : nos gueules et nos corps — on filait comme ça.

Et donc à un moment un type passe avec une veste elle brille dans la nuit — il est sale des labeurs et usé de sa journée sans doute — un froc et poussière et boue des chaussures elles ont trainé où — mais lui n’importe car il a sa veste elle brille dans la nuit et il marche — non d’un pas décidé mais marche titube et vrac une main sur un mur puis reprend — file quand même l’un devant l’autre les pas presque un sur le trottoir — l’autre sur le bitume — et encore un pas puis l’autre une main sur la tempe le front s’essuie sans doute une suée dans le froid — tous dans la rue (nous étions quatre sans doute — en comptant ceux dans la voiture là) — tous dans la rue pour imaginer qu’il était parti d’un pas décidé voir quelle femme ou quel homme et que pour l’occasion donc — une veste qui brille dans le noir.

Après la cinquantaine de mètres qui nous séparait d’un virage — il disparaît dans le noir.

Simplement ça — un type il passe dans la nuit tombée là — et sa veste elle brille — c’est ça — se satisfaire de ça.