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Des vinyles par bateau

lundi 19 octobre 2015, par sebmenard

Alors nous étions entrés dans la capitale en train et il faisait encore chaud des journées d’été — elles écrasent tout.

Nous avons filé à travers les boulevards les bagnoles et les bus — les taxis jaunes les nuages noirs et des noms connus : nous étions venus chercher une nouvelle histoire et des rêves.

Dans un appartement de la rue Enescu il y a des chats et des vélos — des tapis et des cartons — des bières et des sourires — des volets qu’on laisse presque fermés et des reflets sur les murs.

Dans un appartement de la rue Enescu — il y a l’histoire des vinyles et des fringues américaines qui remontent le fleuve jusqu’à cette ville où il n’y plus rien à faire : les frontières laissent désormais passer depuis longtemps les vinyles et les fringues américaines — les clopes et les bouteilles venues d’ailleurs.

On voulait entendre cette histoire de vinyles qui remontent le fleuve sur un bateau et qui arrivent sur un vieux port du Danube — on voulait entendre la voix d’un gars pour dire en souriant qu’à cette époque on respirait comme ça — sur le quai d’un port de l’est — devant les eaux de l’Europe — en attendant les bateaux remontant le fleuve et leur cargaison — quelques caisses de vinyles des cigarettes de contrebande — des alcools des fringues et des rêves. Qu’importe la qualité de la viande des légumes qu’il grille devant nous ce jour-là dans l’appartement de la rue Enescu — ce qui compte à ses yeux et pour notre récit — c’est la possibilité immédiate de griller de la viande et des légumes — d’allumer un amplificateur à ampoules et un ordinateur — passer des sons attrapés sur le web et danser et suer et raconter d’autres histoires.

Dans l’appartement de la rue Enescu — nous avons eu notre histoire et beaucoup d’autres — nous l’avons fêté comme ce genre d’histoire se doit d’être fêtée — puis nous avons filé la route de l’Est comme nous devions filer la route de l’Est.

Ne rien forcer — laisser les mots là comme ça — une histoire c’est un morceau en bouche et puis s’arrête — après on continue notre vie d’indiens pas vraiment indiens mais qui rêvent encore — et notre monde comme nos récits se tiennent comme ça.