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Un jour sur le col de Borşa (3)

dimanche 4 octobre 2015, par sebmenard

Un jour sur le col de Borşa ça sent la gomme chaude des pneus qui passent — au loin il y a les meules de foin qui portent des noms et des herbes. Là — il y a les bêtes qui vont traçant leurs vies de bêtes et silencieuses — un chien aboie qui longe le bitume et tête baissée. Là — il y a un homme qui parle à ses bêtes et qui marche debout sur le col de Borşa — les nuages noirs s’entassent et approchent — tour est noir de plus en plus gris noir. Là — une vieille tire à essence souffle et grince sur le bitume et file et monte — un type dedans se tient droit chapeau sur la tête à côté sa femme — leur vieille tire souffle et grince mais rouge éclate sa peinture ils vont tous les deux — d’où sortent-ils de quel monde et où filent-ils.

Nous — debout sur le col de Borşa on écoute le tonnerre qui résonne d’une montagne l’autre. Nous — debout sur le col de Borşa on a les flottes qui claquent et s’étalent tout autour sur nos peaux carcasses et abri de fortune — une auberge fermée qu’on croyait avoir déjà visitée. Là — le héros de quelle histoire pourrait-on chercher là — comment serait-il — marcherait-il — comment le reconnaître — sans doute qu’il irait debout sur le col de Borşa et qu’il aurait son regard au loin comme ça — comme les héros de quelles histoires ont le regard au loin. Nous — c’est bien ça on cherche des héros et des histoires mais c’est une erreur — sur les routes de l’est il n’y a rien que l’est et les tremblements de l’est — la poussière de l’est et les gueules de l’est — les bagnoles de l’est et les bêtes de l’est — la boue de l’est et quelques scènes de l’est — quoi encore.

Là — un troupeau de bêtes arrive comme les bêtes ont toujours su qu’elles arrivaient le soir et calmes — leurs pas sûrs en fait — leurs pas de bêtes qui connaissent l’éternité des bêtes et qui savent qu’on les attend au soir chauds les bêtes et que rien ne devrait bouger. Là — les nuages sont tous autour et nous on cherche un coin pour dormir.

Souvent nous avons parcouru l’est en cherchant la clef de nos portes condamnées — il n’y a de clefs ni à l’est ni à l’ouest — mais cherchons la clef c’est ça nos vies.