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journal permanent | 16 août 2015

dimanche 16 août 2015, par sebmenard

88km en bateau.

76km à vélo.

Sfăntu Gheorghe — Jurilovca.

(trois kilomètres plus au Sud – sur cette colline qui se prologe vers la mer – est-ce une mer – est-ce un lac ouvert sur la mer – quelque chose)


Levé avant le soleil : refaire ça plus souvent (Marcello Vitali-Rosati écrit : « J’ai toujours aimé me lever très tôt. À cinq heures, il fait encore nuit. Tout est silencieux. Rien n’est encore arrivé, tout attend. ») – le temps de voir le soleil apparaître – le jour s’allume – tout plier à temps – on arrive au bateau et le jour commence — quelques images – du café de cafetière — la suite des Navigations – sur le ponton arrière du bateau qui remonte le fleuve — pour la première fois en réalité nous remontons le Danube.


On aime un récit pour ce qu’il ouvre de possibles – je retrouve dans cet excès ce que je souhaite dire – sans succès :

« Une fois, une main sur la grille pour retourner les saucisses, dans l’autre un verre de vin rouge, je vis une amie mettre du ketchup sur une cigarette et tenter d’allumer une frite. C’était dans ces situations qu’Eugen était le plus à l’aise. Son rire, sa façon bouillonnante de parler, son énergie, ses paradoxes, sa générosité, ses excès s’intégraient parfaitement dans ce décor. »

Au cours des heures passées à mon ancien travail je pensais des choses similaires :

« Il est déjà assez fou de penser qu’entrer dans un pays sans papiers soit un délit, mais le fait qu’être dans un pays soit un crime est une chose bien plus grave — abominable. Tu es un criminel parce que tu existes. On devrait refuser de respirer là où l’on peut accepter des règles de ce type, on devrait arrêter de manger, de vivre, de bouger, de parler. »

On aime un livre pour ce qu’il fait apparaître de réel – ou plutôt pour ce qu’il bouscule et replace devant nous comme l’essentiel :

« Aujourd’hui, l’éloge de la transparence, de la propreté et de l’hygiène nous contraint à arrêter de rêver. Tout est aplati, en une seule dimension. »

Nos images seront sales et brumes – nos images doivent être brûlées dingues – nos images ont des tâches et des poussières – nos images doivent être au plus près – ne rien cacher.


Sinon : on se voit parfois habiter un camion mais le problème ce serait le four.


J’allais oublier : à quelques kilomètres de Babadag nous avons bifurqué vers le Sud – c’est-à-dire que nous étions sur la route de Babadag très exactement – pour diverses raisons nous avons bifurqué plein Sud – on a les vérités qu’on s’autorise.