L’autre nuit
on marchait dans la rue aux loups.
Il y avait les ombres le soleil et les étoiles — tout mélangé lune de nos silences.
L’autre nuit
on marchait dans la rue aux loups.
Il y avait les silhouettes les bâtisses et les phares jaune rouge — ça filait dans les mondes étoiles. Il y avait une bête peut-être pour aboyer dans sa nuit écouter nos pas : l’un après l’autre — nos pas d’Hommes prêts à en découdre avec eux-mêmes. On marchait dans la rue aux loups à la recherche d’une de nos visions tremblées — on attendait.
(nous avons toujours attendu)(nous avons toujours répété les mêmes histoires)
(nous avons toujours continué)
(et si marcher dans la rue aux loups suffisait ?)
Nous avons allumé un feu nous avons regardé les flammes nous avons écouté les vents. Nous avons discuté tard car l’un d’entre nous souhaitait discuter tard. Nous avons dessiné dans la poussière — nous avons sifflé des mélodies nous avons soufflé des bougies. Nous avons poursuivi des silences feuilles de printemps — nous avons touché l’écorce des arbres comme nos peaux — nous avons nommé des plantes et les possibles — nous avons imaginé des plans et organisé une cabane — nous avons cherché un poème nous avons écrit dans un carnet — nous avons déclenché l’obturateur de nos regards nous avons cru — un instant — qu’on pourrait tenir comme ça longtemps — nous avons sorti de nos tripes notre souffle tendre et chaud.
L’autre nuit
nous avons marché dans la rue aux loups.
Au matin
quelques pas encore et puis
la nuit nos silences
la rue
les loups
s’enfuient.