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journal permanent | 4 avril 2013

jeudi 4 avril 2013, par sebmenard

Pas noté ça mais hier quand je pose Sur la route de Babadag sur une table au boulot on me demande c’est quoi ce livre pour expliquer je mets mon doigt sur la carte très approximative dessinée sur la couverture — je dis j’ai habité là je dis les mots de ce type pour décrire l’Europe de l’Est c’est quelque chose quand même — une succession d’instants et de chemins parcourus — des trucs de types de la route aussi et souvent une explosion de mots — tout ça.

Et moi, têtu, je voulais aller à Érind car j’avais découvert que là-bas s’arrêtait la route et qu’au-delà il n’y avait que le massif du Lunxherise qui semblait désert, tel un fragment oblong de lune enfoncé dans le corps sauvage et beau de l’Albanie. Ils devaient l’avoir lu dans mon regard, ils devaient l’avoir senti avec leur septième sens de chauffeur de taxi. Vaincu, j’étais monté dans une deux cent verte dont le derrière traînait à ras du sol et nous avions démarré. Ah oui, il a bien fallu aller à Érind pour comprendre quelque chose. Nous montions laborieusement les côtes, la seconde, la seconde, parfois la troisième et le tintement du pot d’échappement contre les pierres qui ressortaient.

Un gros coup de Stasiuk et puis le brouillard sur la plaine des Mauges — la gelée froide a blanchi les herbes et les bagnoles — le ciel est jaune brun gris d’un soleil qui ne perce pas la brume — il y a bien quelques bêtes par endroit mais sans doute qu’on les voit moins beaucoup moins que là-bas — dans cette Europe que décrit Stasiuk et qu’on a déjà parcourue à plusieurs reprises.


On habiterait au centre d’une vaste région désirée — on habiterait auprès d’une grande ville prête à se laisser envahir par tous les rêves — on aurait quoi des sac à dos des vélos juste assez d’argent pour prendre des trains — on aurait ce genre de métier pour vivre qui nous occuperait la moitié d’une année puis on pourrait parcourir nos vastes plaines — on irait dix fois aux mêmes endroits comme pour s’assurer que c’était bien là et qu’ils étaient au bout de nos chemins.