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Dominique Hasselmann | 140 tunnels et les mots

lundi 11 juin 2012, par sebmenard

L’expérience : prendre le fichier et faire lecture aléatoire - se laisser aller longuement - réapparition de certains textes par moment (résonance des mots qui répètent - et la musique) - à essayer : on peut aussi parcourir le texte en sautant systématiquement le premier mot : tunnel - voir l’éclat de langue qu’on déclenche.

2Twitter la table d’écriture2

Extrait de la note de présentation de l’auteur :

Ce texte reproduit 140 messages envoyés sur Twitter http://twitter.com/dhasselmann, à raison de dix chaque matin du 28 décembre 2011 au 10 janvier 2012, et commençant tous par le mot « Tunnel ».

On sait que chaque « tweet » est limité à 140 caractères, la contrainte a donc été respectée.

Et celle de l’éditeur François Bon :

Il faut s’y faire : Twitter est désormais un outil adulte de création. Non par culte du bref, mais par ce rapport de publication immédiate, circulante, qui permet d’être au plus près du réel et en même temps de le construire comme fiction.

Condamné par le temps bref ? Qu’on pense aux 53 jours de Stendhal pour écrire la "Chartreuse de Parme", aux 21 jours de Faulkner écrivant "Tandis que j’agonise", ou à la nuit blanche de Kafka pour "Lettre au père" : l’écriture est un rendez-vous avec soi-même, qui exige cette intensité préalable, et peut se suffire de la collision.

2Tunnel | Tunnels2

Le tunnel - le mot tunnel - est là qui déclenche (c’est une porte ouverte) et donc on s’embarque - jeux de langue pleins de sens :

Tunnel des essuie-glaces, des pare-brises, des pare-soleils, des pare-vents, des pare-buffles, des parcimonies, des saint-simoniens.

...bruits de bagnole (souvenir d’un commentaire de D. Hasselman ici à propos du mot silent-bloc) - et la musique aussi (c’est comme une mélodie soufflée les tunnels) (imagine une lecture les tunnels et un instrument - un saxophone par exemple) :

Tunnel du jazz où l’oreille devient verticale, convoi à la Coltrane vers des paradis parfois instantanés devenus ici.

...sensualité - le tunnel vers l’autre (et quelle image) - c’est cette idée qu’on se fait happer - qu’on y entre aussi :

Tunnel de la peau, son grain (parfois de beauté), son revêtement lisse, humide, les dérapages contrôlés, sa bande d’arrêt d’urgence.

On cherche dans nos univers de références (fin d’année de troisième au collège - souvenir imperturbable - et les routes ouvertes par le prof d’alors) :

Tunnel du bowling dans The Big Lebowski, choc en retour des quilles, la sphère est un projectile lourd et ludique, acteurs au top.

Et la contrainte des 140 caractères - la contourner - voir la série des tunnel de Fourier par exemple :

Tunnel de Fourier : ré => cabaliste, indigo, progression, spirale, argent, fa => alternante, vert, proportion, quadratrice, platine.

Tunnel de Fourier : la => composite, orange, logarithme, logarithmique, or, ut => unitéisme, blanc, puissance, cycloïde, mercure.

Tunnel - la répétition du mot comme un moyen d’aller explorer le souvenir - ou bien le souvenir lui-même est un tunnel (comme on entre dans ces souvenirs - comme ce sont des passes temporelles - et le monde autour s’efface quelques instants) :

Tunnel des promenades adolescentes en famille sur la route des Crêtes, paysages inaccessibles, manque oxygène, air pur de l’avenir, demain.

Et puis écrire - puisque c’est bien de ça qu’il s’agit :

Tunnel de phrases peut-être inutiles, qui cèdent la place à d’autres, et là j’aperçois, oui, le bout du tunnel : éblouissement déchirant ?

2Boîte noire |2
140 tunnels - éditions publie.net - texte paru sur Twitter.

Lire Dominique Hasselmann sur Internet sur son blog actuel - compte Twitter.

Lu sur l’iPod avec fonction affichage aléatoire.

Images : tunnel sur la rive Serbe du Danube - décembre 2011.